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Les aventures de vacances des 8 et de leurs amis

Dans le nord du Lot, il y a de charmants villages avec des maisons de pierre aux toits d'ardoise et aux fenêtres bordées de fleurs. Il y a seulement deux cafés dont un qui fait dépôt de pain et l'autre restaurant. Au centre il y a une petite église très ancienne, mais dont les cloches, qui portent parfois le nom d'un habitant donateur, ont une voix si forte qu'elles se font entendre dans toute la vallée. On entend même les cloches des petits bourgs alentour, le dimanche matin, le samedi ou pour les baptêmes, les enterrements, les grandes fêtes.

Tout de suite après l'église, la route se dirige vers la ferme ancestrale et monte vers la maison de Papoun et Mamoun.

L'été approchait; les enfants l'attendaient avec impatience. Là, dans ce village, ils venaient jouer à une époque et dans un lieu où l'enfance, la vraie existaient encore. Ce n'est pas que Papoun et Mamoun n'étaient pas particulièrement doués avec les enfants, mais le village, la maison, les bois se prêtaient à leur épanouissement.
C'était leur saison préférée. Apporter des poignées d'herbe, des carottes, ou du pain au lapin élevé au biberon par Mamoun; jouer seuls avec la chienne, contempler des petits animaux qui s'amusent, courent et mangent dans le bois, ou encore observer la nature... Pour Noël  le mot cadeau était un mot magique. Tirer sur les rubans un moment de bonheur. Mais l'opération paquet-cadeau n'était un succès pour les calmer ou les exciter !  que lorsqu'il s'agissait de jouets.  Ils détestait les gens qui se débrouillaient pour laisser passer une leçon de morale ou autre à travers des cadeaux.

Petit, Batuhan finissait toujours par se ruer sur sa sœur comme un bulldozer et l'abordait avec la délicatesse d'un joueur de rugby. Mais elle savait bien se défendre par la subtilité. Elle savait créer les occasions de le faire gronder; à 5 ans et demi, elle connaissait ses lettres et était prête pour apprendre à lire.
Tout cela peut distraire un moment mais avec les cousins et les amis, c'était autre chose.
On leur permettait de dormir sous la tente ou dans une cabane, de descendre vers le village en courant malgré le gravier qui roulait sous leurs pieds et couronnaient le genou ! Ils se laissaient emporter par la pente, couraient comme des chevreaux et riaient dans le vent !.
Quand la voiture blanche aborda le tournant Papoun et Mamoun étaient à la porte fenêtre.
Ceux de Corrèze venaient d'arriver en voiture avec leur maman. Le tapis de sol de la voiture, lorsque la porte s'ouvrit parut jonché de jouets, de papiers et autres détritus domestiques ! On n'attachait pas d'importance à ces détails.
Batuhan et Alaure  s'installèrent dans leur " camp ", assis autour d'un trou de lapin et d'une fourmilière. Le camp avait été choisi par tous. Il dominait non seulement le village, dont on voyait les toits des maisons se serrer autour du clocher, mais aussi tous les environs sur une bonne distance. Le camp comprenait un vaste plateau aride où autrefois, les moutons eux-mêmes boudaient l'herbe rare et dure. Des pierres en quantité de toutes les tailles.  Les enfants étaient là chez eux, et c'était magnifique car à chaque saison, malgré la cabane à poules de leur oncle, un gourbi minuscule aimé des lapins où l'on pouvait faire des casse-croutes et échanger des confidences assis sur de vieilles caisses,  ils essayaient de construire une cabane, voire deux , pompeusement nommées château pour jouer à la guerre. Ils attendaient maintenant Pedro et Alban. Pedro était le cousin et aussi meilleur copain de Batuhan depuis la plus tendre enfance. Et quand ils se retrouvaient, ils ne prenaient même pas le temps de rétablir la chaude communion des sentiments de toujours. Ils partaient à l'action, directement.

Le train va bientôt arriver annonça Papoun.
Les garçons  prirent leurs jambes à leur cou et se précipitèrent. Soudain Batuhan se retourna et vit sa s
œur au bord des larmes. Il l'attendit un instant. Ils arrivèrent tous les quatre à la gare en même temps que le train débouchait à l'horizon d'un virage. Batuhan était à la fois taquin, brusque mais attentionné vis à vis de sa sœur.  Ils avaient une mère affectueuse mais un peu débordée par leur turbulence, leur vitalité et aussi atteinte d'une maladie rare et douloureuse. De leur père par contre ils n'avaient aucun souvenir d'avoir joué avec lui ne serait-ce qu'un instant.  Il était toujours occupé. Il était imbu de sa propre importance à la ferme de ses parents et s'amuser avec des enfants ce n'était pas pour quelqu'un comme lui. Son épouse s'occupait de tout, de son travail, de sa maison, des enfants... c'était bien ainsi et il ne savait même pas quels étaient leurs jeux préférés, les livres qu'ils aimaient qu'on leur lise le soir, les émissions qu'ils avaient aimé regarder, les matières où ils se sentaient à l'aise à l'école... Absolument rien. Ils auraient tout aussi bien pu être les enfants du voisin.
Après l'ouverture des portes, une tête châtain clair parut dans l'encadrement d'une portière, puis 5 autres têtes plus basses mais de la même teinte se frayèrent un chemin.

- Les voilà s'écrièrent en même temps Batuhan et Pedro.
- Bonjour, cria Batuhan avec un gai éclat de rire.
- Ouah ! fit Roxinette en frétillant de son trognon de queue. D'un bond elle fut sur les trois fillettes. Batuhan sautait sur le quai les yeux brillants de joie.
 Les jumeaux arrivèrent en courant, les bras tendus. Ils étaient sales de la tête aux pieds, une oreille pointait hors de leur casquette et de leurs cheveux ébouriffés. Ils étaient à croquer ! et le cœur de leur maman devait éclater. Pourtant elle reconnaissait que nos petits étaient plus dégourdis, plus responsables et plus obéissants souvent. C'est vrai que les nôtres sont assez faciles. Ils n'ont aucun côté hypocrite et c'est important. Les jumeaux chez eux devenaient plus sages. C'était à leurs parents qu'ils réservaient ce qu'il y avait de pire. Bourrés de défauts soit... Mais ils étaient loin d'être apathiques !

Papoun et Mamoun s'étaient rendu compte que la mère s'occupait peu de ses enfants. Plus tard ce fut le cas aussi pour les petits enfants d'un couple divorcé. Les mères criaient trop souvent ou elles n'étaient pas présentes et finalement les confiaient à d'autres.
Mais elle n'en pouvait plus et se sentait soulagée de ces vacances offertes. Les émissions pour enfants, les jeux, les disputes, les caprices commençaient à lui sortir par les yeux. Mais comment expliquer aux parents que si Papoun et Mamoun aimaient bien les petits,  c'était pourtant à eux de prendre la relève. Leur mère était usée. Elle trimait matin et soir, lavait le linge, préparait les repas, rangeait la maison... Pour eux, c'était venir vivre dans une campagne pourrie, près d'un bled paumé où il n'y avait pas grand chose à faire si ce n'est respirer la bouse des vaches, écouter le bêlement des moutons. bref ils venaient boudeurs dans ce qu'ils appelaient " le trou du cul du monde " ! Ils n'admettraient jamais qu'ils finissaient par s'y amuser comme des fous !

Pourtant on en faisait des découvertes dans les bois ! Quand on se promenait, suivant les saisons, on trouvait des orchidées, des mûres ou des champignons : les girolles bien jaunes au pavillon d'une trompette ou plus claires qu'on mangeait en omelettes, les cèpes bien ronds qu'on faisait avec des pommes de terre, à la sarladaise et si bons, les coulemelles en forme d'oeufs ou de petits parapluies, des pissenlits pour la salade... et tant d'animaux divers : hérissons, chouettes...

On leur reprochait parfois d'être morbides. Comme les gens prenaient un air embêté, eux prenaient plaisir à dire des choses qui n'étaient pas prévues chez des enfants de cet âge !

Batuhan, sa sœur et ses cousins s'accroupirent et ouvrirent leurs bras pour les accueillir. Ils seraient aussi sales qu'eux. Mais pour l'heure, cela n'avait pas d'importance.
- Salut !

Une autre petite voix s'éleva dans le hall de la gare et se jeta aussi sur eux. Son Tee shirt était rouge alors que celui de son frère était bleu et celui de sa sœur rose.  Il avait la casquette de travers exactement comme les deux autres. Ils étaient si semblables et pourtant si différents. Il embrassa les trois filles et  les trois enfants qui les accompagnaient. C'étaient des jumeaux : une fillette adorable, coquine et fascinante et un garçon turbulent et qui avaient besoin d'un peu d'autorité. Pour le moment ils semblaient un peu perdus au milieu de quatre filles dont trois plus âgées.
Garder les jumeaux, au début avait été pour Papoun et Mamoun un peu inquiétant, puis, c'était devenu une parenthèse agréable et bienvenue.  Ils se comportaient avec les 8 et leurs grands parents, de manière de plus en plus correcte. Ce n'était plus qu'avec les parents qu'ils donnaient en général libre cours à leur turbulence comme beaucoup d'enfants d'ailleurs. Mais la vie dans les bois, la vie avec les copains les adoucissait. Les grandes filles surtout étaient les idoles de leurs cousins et des jumeaux. Petits et grands adoraient jouer avec des bois pour construire soit des cabanes, soit des petites niches.
Pedro
particulièrement excité aussi les gratifia tous d'une bonne bourrade. Les 7 cousins étaient ravis quand ils venaient même si parfois ils pouvaient se montrer un peu casse pieds avec eux et pleins d'une imagination débordante, fatigante et annonciatrice de bêtises !. En échange les 7 et leurs grands parents leur offraient une dose d'amitié et d'affection pas toujours bien méritées. Il fallait les dompter mais ils n'étaient pas méchants. Disons mal éduqués par une mère seule et découragée.
- Je ne pouvais supporter l'idée que vous commenciez à camper sans nous ! dit Louane.
La plupart des petits enfants avaient  avaient des yeux de la couleur de ceux de Papoun, d'un magnifique brun profond. Ils mangèrent des glaces au village pour fêter leurs retrouvailles de l'été car les premières victuailles de Mamoun, qui avait toujours eu à cœur de les bien nourrir, comme on faisait autrefois, avec de la cuisine familiale, avec fruits et légumes en abondance, ne plaisait pas toujours à tous et surtout pas aux jumeaux .

Sabrina l'élégante un peu réservée avait 17 ans. Elle serait la responsable des expéditions. Crista avait 14 ans et faisait déjà preuve d'assez de sagesse. Elle affectait des allures de garçons. Elle avait des cheveux souples, longs et légèrement, très légèrement bouclés. Ses yeux noirs brillaient de joie sous ses sourcils bruns, lorsqu'elle jouait avec les petits. Lola avait toujours été la plus coquine, la plus malicieuse.
- Ouah ! ça, c'était la voix de Roxinette la petite chienne lorsqu'elle voulait attirer l'attention. Elle remuait alors désespérément son petit trognon de queue tandis que les autres chiens qu'ils avaient eu tournaient sur eux-mêmes de joie, voulant à tout prix s'attraper la queue. Chacun se retourna pour lui faire un câlin. Elle serait à chaque instant leur compagne durant ces vacances dans la maison des grands parents.

Avant Roxy il y avait eu d'autres amis chiens. Flicka était la maman de Roxy. Les années s'écoulaient et Flicka avait bien vieilli. Tous les chiens avaient aimé courir avec les enfants. Flicka, Roxy tous avaient fini leurs jours auprès de leurs maîtres. Les deux femelles étaient mortes à plus de 16 ans. Sa fille avait longtemps essayé de l'entraîner  das ses courses effrénées dans les bois d'où montaient tant d'odeurs grisantes. Comme il y faisait bon et quelles jolies promenades promettaient la nature !  La jeune chienne comme les autres avant elle était heureuse. On pouvait y trotter à son aise, gratter dans l'herbe ou jouer à cache-cache entre les buissons. Les enfants trouvaient amusantes les cabrioles de la jeune chienne. Cette maison qui était au milieu des bois et où on accueillait les oiseaux affamés ou simplement désireux de faire un nid, on y faisait boire le biberon aux bébés lapins trouvés par Roxy et même les écureuils se considéraient parfois chez eux dans le grenier où ils se faufilaient. Roxy n'avait jamais été dressée pour la chasse, mais elle avait un instinct infaillible, une volonté d'endurance et des muscles impressionnants développés par les courses en plein air. Après ses petits vagabondages dans la nature, il lui arrivait de ramener un lapin. Au début c'étaient pour elle des proies dont elle était fière, mais avec l'âge elle avait compris que Mamoun n'était pas contente et elle avait essayé de ramener des bébés sans les blesser. Que dire ? Elle assistait aux tétées comme s'il s'agissait de ses propres petits.
- Disposez de votre temps comme il vous plaira disait Mamoun autrefois, je vous demande seulement d'être exacts et propres aux repas, de ne jamais aller sur la route ou trop près de la piscine à cause des plus petits et de ne pas faire trop de sottises !
Cela, c'était il y a quelques années... Mais c'étaient tous des enfants joyeux, solides, seuls les jumeaux étaient à surveiller étroitement car ils formaient comme un clan  dans le petit groupe !
Pourtant, il fallait savoir que pour tous, les parents, les grands parents, les jeunes de la famille ... ils croiyaient les connaître, mais ils ne voyaient pas comme des hommes ou des femmes.C'était juste leur père, leur mère, leur grand-mère... et ils n'étaient pas si faciles à gérer !

Séjourner chez  Mamoun et Papoun, c'était comme aller sur une autre planète. D'abord Ils cuisinaient, surtout Mamoun,  des petits plats plus savoureux que les mamans pressées par le travail ! Les poulets de la ville sont petits et ont goût de prison. Là, c'étaient des poulets de la ferme de l'oncle, des poiulets de liberté, nourris de maïs les poulets des vacances pour enfants heureux. On dévorait comme si on avait toujours été privé de bonnes choses.  Il y avait aussi la télévision. Par mauvais temps, on avait le droit de regarder des films et on ne s'en privait pas ! Pour le goûter, les jumeaux bavards se taisaient immédiatement. le mot avait un effet magique. Ils allaient s'installer, devant du pain et du chocolat, des gâteaux, des biscuits ou des yaourts divers avec des fruits.
Maintenant que Sabrina et Christa les aînées, étaient plus pondérées et conscientes de leur rôle, on leur avait même permis de camper. Les grands parents pensaient que les jeunes d'aujourd'hui sont trop habitués à ce que les adultes répondent au moindre de leurs besoins. Ils prendraient ainsi des initiatives et les laisseraient respirer. Ils formaient désormais une belle et joyeuse ribambelle d'enfants.
Alban le plus jeune était
sage avec ses grand-parents, il le serait sans doute aussi avec ses cousins et ses frères. Il restait timide, réservé,  mais pétillant et courageux. Il ne posait pas de problèmes. Il babillait toujours gaiment. Louane et Pedro, les comédiens de l'équipe étaient  surexcités, Batuhan et sa sœur pleins de fougue et d'entrain  n'en faisaient souvent qu'à leur tête, mais ils avaient grand cœur. Pourtant c'est surtout à cause de Batuhan et de Louane que les adultes étaient inquiets. Il n'existait pas au monde d'enfants plus prédisposés aux accidents, selon la famille, car leur mère respective ne comptait plus le nombre de fois où elle avait dû les amener  aux urgences. Ils s'étaient cassé le bras, avaient eu diverses blessures. Quand ils ne se cognaient pas aux meubles, ils se prenaient les pieds dans les tapis ! Aurore avait un fin visage mobile, un regard expressif qui reflétaient facilement tous les sentiments qui l'agitaient avait souvent des bleus. Quelque chose en elle faisait qu'elle avait tout le temps envie de manger, des gâteaux et des bonbons...

Sous la tente par beau temps ils pouvaient admirer le village au loin qui s'éclairait dans le noir et la lune, avec ses rayons argentés reprenait sa place sous le ciel étoilé avec une lueur blancâtre, nimbée de magie, chassant les nuées qui galoppaient éperdument. Après la brûlure des journées d'été, c'était reposant. Tout d'abord un léger son s'élevait des environs, timidement encore. Puis une autre voix aussi douce, aussi légère lui répondait. Bientôt les environs bruissaient des cris des crapauds : un concert de notes mélancoliques et brèves. Le matin au lever, ils adoraient regarder les oiseaux : merleaux, symboles du printemps, mésanges, rouge gorges, sittelles, pics épeiches....  atterrissant et sautillant à la recherche de nourriture, mais les petits avaient peur des araignées qui tissaient entrte les buissons des toiles  blanchâtres auxquelles étaient suspendues d'eau qui rutilaient sous les rayons du soleil levant.

- Ils s'entendent bien ?
- Pas spécialement chez eux. les grands n'apprécient pas la concurrence, pourrait-on dire. Mais ils aiment le bruit ! Ils aiment surtout entendre leur propre bruit. Chacun s'évertue à en faire plus que les autres. L'avantage quand ils sont nombreux est qu'ils ne sont pas dans notre espace vital !
- Peut-être que les parents ont trop tendance à se focaliser sur le plus jeune. C'est pour cela qu'ils se font remarquer par le bruit. Cela les transporte d'aise. Leurs yeux étincellent. Ils ont l'impression de dominer. Ils sont rois !
- Peut-être... D'autres sur le premier... mais avec nous, tous ensemble, à la campagne,  ils s'entendent plutôt bien.

- Les deux garçons du fils sont certainement des comédiens. C'est comme une défense. Ils tamisent ainsi leur bouillonnement intérieur et jouent à se faire aimer.
Sauf les jumeaux ! Mais elle n'osa pas insister. Il y avait des habitudes à prendre même si les parents n'étaient pas toujours d'accord.

- Mes enfants lorsqu'ils étaient petits ont toujours préféré les plus âgés qu'eux-mêmes. Ils s'ennuyaient avec ceux de leur âge.
- Je veux jouer au Monopoly !
Parfait. c'était mieux quand ils étaient ensemble que lorsqu'ils leur demandaient de jouer. Mamoun et Papoun n'aimaient plus jouer....
- Je tiendrai la banque dit S
- Bourgeoise, corrigea sa sœur.
- Vous commencez par débarrasser, aider pour la vaisselle, vous jouerez ensuite. Au premier murmure de protestation, il fallait ajouter :
- Personne ne jouera sur cette table tant que tout ne sera pas en ordre. Si c'est une façon bourgeoise de voir les choses tant pis ajoutait Mamoun !!! "

Derrière la porte fermée, on appelait :!
- Wina, Wina, dépêche-toi. Il est près de midi. Mamoun demande si tu es bientôt prête.
Qu'elle m'agace songeait celle-ci encore en sous vêtements, le peigne en main, bataillant avec ses épingles à cheveux.
Sabrina entra et suffoqua devant le négligé de son amie et le désordre de la chambre des triplés.
- Mais tu n'es pas encore habillée ? La maman d'Alban et de Pedro, entre autres, avait sans doute des souvenirs différents.
Le petit également. C'était pour lui insupportable les cris du petit frère, jour et nuit. Celui-ci avait eu un torticolis de naissance non détecté, on entendait les parents en parler aussi pour Pedro, il n'était pas à plaindre, il faisait  exprès de brailler, d'empiéter sur toute leur vie. Comment sa mère faisait-elle pour ne pas le haïr ?. Elle le prenait, le cajolait, le regardait avec une expression tendre, regardait un peu Pedro d'un air suspicieux lorsque l'enfant pleurait trop en l'absence de sa mère.
- Mais non disait le père, il n'a rien fait de mal.  Il n'a fait que m'aider et il s'est très bien débrouillé. Cela rassurait Pedro sans enlever son angoisse.
Peut-être est-ce de ce moment-là qu'il a fui le contact physique. Il ne l'aurait accepté que de sa mère. Pourtant l'amour, l'admiration  de son petit frère pour lui le troublait, le surprenait et il le testait. Il lui interdisait ses jouets et d'autres petites choses inavouables. Mais les yeux plus clairs de son frère étaient toujours posés sur lui.
Les deux plus petits  s'exprimaient très bien pour leur âge. Pedro qui chipotait habituellement devant ses repas faisait de gros efforts surtout lorsque l'air était imprégné d'une odeur de barbecue que Papoun voulait bien improviser pour eux. ..Si Batuhan se mettait  toujours à table de bon appétit, Pedro ne s'alimentait que parce qu'il le fallait et parce que sa mère avait presque honte de le voir si maigre. Quant à Alban, s'il avait fallu très longtemps à l'avion qui amorce son atterrissage avec sa cargaison,  au train qui arrive dans le tunnel " tchou, tchou "  chargé de nourriture... il commençait à bien manger.
Mais pour les jumeaux c'était toujours le même cirque tous les matins. Même bien après avoir dépassé l'âge du non ils mettaient toujours tout le monde à cran. En ce qui les concernait tout était en dessous de la vérité. Personne ne se rappelait que les 7 autres petits aient été aussi difficile quel que soit leur âge. Tous les 2 étaient turbulents et surtout la fille ! Quand l'un criait, l'autre enchainait. Cela tenait du miracle que leurs parents ne soient pas devenus sourds vu le niveau de décibels à la maison. Et ce supplice de leur faire enfiler des vêtements.
Le seul avantage de les avoir tous était qu'ils libéraient les parents ! Sinon dans l'allégresse des vacances, les adultes arriveraient vite à ce point extrême où, vidés d'eux-mêmes, ils n'auraient plus qu'à s'éteindre comme retombe en une fugace pluie d'étincelles, le jaillissement du bouquet final d'un feu d'artifice..

Il y avait tous eu aussi cet âge où l'on se démenait lorsqu'on essayait de les habiller. Ils étaient chacun à leur tour mais pour un court laps de temps devenus champions dans l'art de se tortiller comme des anguilles. Ce manège avait stoppé dès qu'ils avaient eu la fierté de montrer qu'ils pouvaient s'habiller seuls. Et puis tout le monde sait que les enfants commencent par tester les adultes.
- Je vous laisserai chaque jour un peu d'argent et des vivres avait dit Mamoun. L'âne vous aidera à transporter bagages ou ravitaillement. Vous pourrez circuler avec vos vélos ou à pied. Vous pourrez facilement rayonner
avec les moyens de transport aussi... .

Ils avaient en effet chacun une bicyclette. Ils n'auraient pour rien au monde marché à pied sur les sentiers carrossables. Les pieds depuis qu'on avait pris l'habitude d'accompagner tous les enfants à l'école en voiture, tous ignoraient à quoi ça servait sauf lorsqu'ils inventaient des aventures dans les bois ! Le grand-père avait toujours peur que l'un d'eux ait un accident, mais il avait fini par accepter de les laisser un peu libres. Il s'inquiétait surtout pour les siens car les enfants des autres peuvent bien aller camper, n'est-ce pas ? Ils risquent moins.... On leur permettait de camper, mais pas trop loin et surtout d'avoir toujours un téléphone portable allumé.
C'est Sabrina qui avait été la première à avoir une bicyclette avec un panier à l'arrière. Elle se l'était acheté en économisant sur l'argent de poche de chaque jour. Parfois ils gagnaient aussi de l'argent en rendant un petit service comme ramener à son propriétaire un chien perdu. Le jour où c'était arrivé, le vieil homme qui en était propriétaire avait été généreux. Il tenait à son chien.
La tente, une antiquité qui avait servi pour les vacances des parents et des grand-parents était les autres années installée sur la pelouse dès les beaux jours. Ils adoraient y rentrer mêmes si à l'intérieur il faisait en été  une chaleur plus étouffante encore que dans le jardin. Cette année-là ils purent l'installer où ils le souhaitaient.Ils aimaient entendre les mésanges chanter, un peu plus loin, dans les taillis. L'air autour d'eux qui sentait la terre surchauffée et les feuilles..
Ils passèrent cet été-là dans des bourgades charmantes avec leurs jolis clochers, leurs maisons groupées et leur fontaine sur la place. La chienne faisait ses besoins où bon lui semblait, ( ils espéraient tous que personne ne la voyait ), la truffe au ras du sol, frétillant de sa petit queue à l'idée de territoires inexplorés. Ils faisaient leurs courses à la ferme de l'oncle, un peu inquiets lorsqu'ils arrivaient d'entendre tous les chiens qui se mettaient à aboyer. Le plus craintif restait Pedro qui en avait eu peur dès la plus tendre enfance. La tante leur donnait souvent des bonbons qu'ils fourraient goulument dans leur bouche. Dehors, ils cherchaient une poubelle, chiffonnaient le papier et jouaient à viser le plus habilement possible la corbeille avec des cris de triomphe ou de déception.
Ils aimaient écouter les vieilles personnes qui faisaient revivre les histoires du pays et même les légendes. Et ceux-ci étaient enchantés d'avoir un auditoire attentif et nouveau.
Ils aimaient également piqueniquer ou simplement observer les animaux sauvages ou familiers; Parfois le chat coquin revenait avec  un moineau entre les dents. Parfois on le voyait le corps à l'affut, le poil dressé en position de combat. En ce qui concernait le chien, c'étaient des bébés lapins qu'on trouvait dans sa gueule et pas nécessairement morts !

 Dès le premier jour, cet été-là, Roxinette ravie une fois encore de se dégourdir les pattes courait à côté de ses amis. Quand ils s'asseyaient, elle se couchait sous la table ou à leurs pieds, le museau sur ses pattes, comme écoutant la conversation et elle suivait des yeux le moindre mouvement.
- Ne lui donnait rien à manger avait dit Mamoun, elle se fait vieille. Elle attendra son repas, il faut diminuer les calories, pour que son cœur résiste. En présence des enfants elle faisait la sourde aux ordres de ses maîtres. Elle était heureuse  de ne plus recevoir pour un temps d'appel ou d'ordre autoritaire auxquels elle obéissait la mort dans l'âme en jetant des regards offusqués à ses maîtres. L'âne s'ébranla aussi, avançant de son pas tranquille et sûr. Sabrina vérifia que la charge ne fût pas excessive et marcha à ses côtés. Ils empruntèrent d'abord des ruelles, des sentiers puis un chemin de terre qui longeait de petites maisons séparées par des potagers.
Pluie vent, peu leur importait...
La chienne les tirait en avant, il fallait même essayer de la contenir et ils étaient heureux. Ils aimaient tous la  marche dans les bois, seulement dans les bois car ils avaient l'impression de vivre une aventure.
Le vent du nord venait de tomber, préludant à une soirée paisible et chaude où les gens resteraient chez eux ou dans leur jardin et se réuniraient pour évoquer les menus événements de la journée. Au village un conteur devait venir à la salle des fêtes pour faire rire ou rêver les gens. Les enfants s'étaient promis d'y aller. Sandra en avait pris la décision. Elle était fière de camper avec ses cousins. Elle était la grande et elle se chargeait aussi du ravitaillement.

A la nuit tombée, Alban réclamait bien son doudou malgré les ricanement des plus grands et Aurore, le pouce douillettement mais fermement fourré dans la bouche et son coussin serré sous sa tête et au creux de ses bras, en même temps, se serrait dès la nuit tombée contre son frère.

- Où irons-nous exactement demain dit Louane ?
- Nous irons jusqu'au château dit Sabrina.

- Un château ! dit pensivement Crista celle qui aimait passionnément les lieux historiques. Si c'est celui dont j'ai lu les documents, il est vieux de plusieurs siècles. Je voudrais bien connaître tout ce qui s'est passé dans ses murs. J'espère qu'il fera beau et que rien ne nous empêchera d'aller le visiter.
- Je me demande s'il y a des cachots bien sombres, humides et lugubres dit Pierre qui aimait se faire un peu peur !

Ils montèrent la colline verdoyante jusqu'au camping.
- C'est un endroit formidable. Nous avons deux tentes, celle des garçons et celle des filles.
- Et le chien ?
- Ouah protesta Roxy, la chienne sans queue, le petit derrière avec pour seul apindice un petit trognon remuant de plaisir.
-  Excuse-moi, mais tu es une fille... Et puis, tu choisiras !
Les enfants s'étonnaient souvent du fait que la chienne était toujours attentive. Dès qu'on parlait d'elle, elle réagissait comme si elle participait à la conversation.
- Nous avons des tapis de sol, des matelas gonflables, énonça Sandra.
- Il nous faut une place suffisante sous l'auvent pour cuisiner un peu. Je me charge de la cuisine dit Crista, j'aime bien cuisiner.

- Nous pouvons dans la journée replier les lits contre la toile des tentes, pour laisser une place suffisante.
- Les douches et les toilettes ne sont pas très loin dit Batuhan qui avait déjà fait un tour des lieux. Tout est bien assez confortable.
- Arrêtons les éloges dit Sabrina. Tout nous plaira, de toutes façons, j'en suis certaine et installons-nous au plus vite !
- Nous demanderons aux parents la permission d'allumer un feu de camp, dit Louane les yeux brillants.
- Oh ! Ce serait chouette, un grand feu comme avec les guides ou les scouts. Nous pourrions faire une veillée, nous asseoir autour, dans l'obscurité et nous raconter des histoires.
- Il attirera les moustiques et les chauve-souris dit Pedro...
-  Ce n'est pas grave ajouta Batuhan en riant, taquin.
Bon,  tant pis, puisque vous le voulez !
Tous étaient ravis d'être là en compagnie de leurs cousins, de leurs amis et du chien.

Au lever, il faisait frais. Le vent leur pinçait les joues mais ils s'installèrent courageusement dehors. Tout en déjeunant, ce jour-là, ils regardaient l'autre colline qui s'élevait en face d'eux, couronnée d'un vieux château, un peu délabré dont les épaisses murailles défiaient les tempêtes qui pouvaient souffler sur la région.  Ce château avait plusieurs tours. Deux rectangulaires et vu de l'endroit où ils se trouvaient, au moins une ronde. Certaines parties étaient interdites au public car assez endommagées. Mais l'ensemble semblait tout de même bien conservé bien entretenu. On voyait peu de fenêtres, mais des meurtrières d'où les archers lançaient autrefois leurs flèches. Une buse survolait l'ensemble portée par les courants avant de disparaître.
Dès le petit déjeuner avalé, ils se dirigèrent vers le château. Louana et Batuhan poussaient de joyeuses exclamations.


Pour aller au château, il fallait prendre un sentier escarpé qui conduisait au pied de l'énorme porte fortifiée, construite en gros blocs de pierre. Le château était entouré d'une haute muraille, encore debout après tant d'années, mais quelque peu ébréchée; des pierres tombées étaient enterrées dans l'herbe. De toute évidence, c'étaient là les restes d'une magnifique demeure seigneuriale. De cet endroit, les sentinelles postées dans une tour ou même sur les remparts pouvaient surveiller tout le pays à des kilomètres à la ronde.
- J'aime les vieux châteaux, moi. Les choses anciennes m'attirent dit Crista.
- Moi aussi dit Batuhan. J'espère que Pierre a la bonne idée d'apporter les jumelles de Papoun. Elles nous seraient utiles pour admirer l'immense point de vue.

- Regardez, je crois bien qu'il y a pensé, elles dépassent de son sac ! dit Louane. Prenons-les nous verrons mieux les détails du château d'ici !
- Je vais faire la vaisselle dit Laure en se levant.
- Nous allons tous t'aider dit son frère plein de courage quand il pouvait aider sa s
œur.
- Avec les jumeaux nous pourrons aussi observer les oiseaux ajouta Pedro après un moment. Et il se posta bien confortablement avec les longues vues.


Après le déjeuner, les dix enfants restèrent  un moment assis, se chauffant au soleil. Ils regardaient et admiraient de loin le vieux château et observaient de majestueux faucons crècerelles qui planaient au-dessus de façon surprenante. Des hérons se dressaient près des points d'eau. Un paon traversa le gazon, traînant derrière lui sa queue tout abîmée.
- Pedro repasse-moi les jumelles, je voudrais mieux observer les faucons. C'est une espèce qui se plaît dans les hauts clochers, dans les tours et les ruines.
- Il faudra un jour que nous allions voir les nids, les œufs et les bébés.
- Moi, c'est le château qu'il me tarde de visiter, insista Christa. Il doit être riche en souvenirs historiques.
- Nous pourrions aussi admirer l'immense point de vue depuis les tours  et à l'inverse voir nos tentes de là-haut.

Après avoir tout rangé, ils remontèrent le chemin. Il faisait vraiment un temps délicieux. Les primevères s'ouvraient  au soleil et un merle, perché sur une branche d'aubépine, lançait un chant flûté.
Le chien fit la chasse aux lapins, courant en tous sens à travers champs, montant et descendant la colline, jusqu'à épuisement.

Pierre regarda longuement le château vétuste qui resplendissait au soleil de l'autre côté de la colline. Il l'avait déjà visité avec Baptiste et les grands parents lorsqu'il était plus petit, à l'époque où il aimait jouer avec son château fort, ses soldats...et il en gardait un très bon souvenir. Il ne se souvenait plus très bien de son nom. C'était le château de Castel...
- Cela promet d'être intéressant dirent les filles..

 

L'après-midi, ils achetèrent un guide pour le château. Il contait l'histoire des lieux : c'était une succession de guerres, de paix, de querelles, de trêves, d'ennemis héréditaires, de mariages...Il y avait des donjons.
- C'était autrefois un solide château fort dit Sandra en regardant le plan. Il y a toujours eu cet énorme mur d'enceinte que nous pouvons encore voir.. Le château lui-même est construit à l'intérieur d'une grande cour jonchée de quelques pierres calcaires tombées des murs. Il paraît que les murs ont plus de 2 m d'épaisseur. Ce n'est pas étonnant qu'il soit encore en grande partie debout ! Autrefois, il y avait plusieurs tours. Elles sont aujourd'hui soit écroulées, soit en assez mauvais état avec des escaliers en partie vétustes. On ne les visite plus. Celle que nous allons voir est par contre bien entretenue.
Plus loin que la partie visitable, des planches vermoulues barraient une ruelle qui portait pompeusement le nom de rue du château. C'était donc une ancienne rue qui devait mener à des dépendances aujourd'hui disparues et les pavés de la rue se bousculaient sous l'effort de la nature qui reprenait ses droits, de la terre comme des végétaux.
- C'est bizarre dit Louane toujours à l'affût d'une taquinerie, je crois avoir vu une tête à la fenêtre de la tour abandonnée.
- Impossible répliqua Crista, la logique !
- Tu me fais peur dit Alban ! L'intérieur est si sombre et si peu engageant, mais tu racontes sûrement des bêtises !
- Oui, conclut Sabrina, elle cherche à vous faire peur. Montons plutôt voir ce donjon.
Ils commencèrent à escalader les marches taillées dans une pierre dure, où cependant, à travers les siècles, la fréquence des pas avait formé un léger creux.

- Louane sortit de sa poche un morceau de craie blanche.
- J'ai apporté ce bout de craie, chuchota-t-elle à l'oreille d'Alban, c'est pour faire des marques... Des fois qu'on se perdrait !
Alban sentait ses cheveux se hérisser à l'évocation d'un risque auquel il n'avait pas songé.
- Oh ! Je suis certaine d'avoir aperçu une silhouette insista Louane taquine.

Le soir, chacun tombait de sommeil. Après avoir téléphoné à la famille; chacun souhaita s'endormir vite.
Roxy cependant  trouvait son lit de feuilles très inconfortable. Enfin, elle s'arrangea pour se mettre en rond dans un petit espace, posa sa tête sur ses pattes arrières, exhala un profond soupir et s'endormit aussi.
Pourtant, elle garda une oreille aux aguets pour la souris qui, par caprice, se mettrait à courir autour de la tente, pour le lapin audacieux qui viendrait grignoter l'herbe et les miettes de pain jusque sous son nez. Elle avait toujours une oreille attentive !

Leur autre passion était les grottes. Tout ce qui était sombre et éveillait la peur. Il y avait une grotte sous la maison de Papoun et Mamoun découverte lors de la construction de la maison par le père de Pedro et Alban.. Ils aimaient y avancer lentement, sans éclairer, projetant devant eux la lueur d'une lampe de poche. pas question de reculer pour les petits !
La journée commença de façon prometteuse pour Pedro. Il se réveilla assez tôt avant les autres, s'habilla aussi discrètement que possible et réussit à filer sans se faire remarquer. Il sortit du bois et traversa les prés. La lune éclairait encore une partie du ciel et un brouillard flottait comme une écharpe autour du vieux château. Des vaches étendues au milieu des herbes, regardaient tranquillement ce petit homme passer. Cet amoureux des châteaux forts emportait son casque de chevalier, son épée de bois qu'il brandissait triomphalement tout en courant vers l'horizon où se trouvait le château. Le soleil avait bien commencé son ascension mais dans ce matin solitaire, les blocs de pierre, les créneaux, donnaient un spectacle impressionnant. Une force magique agitait son imagination et le fait de braver l'interdiction de s'éloigner des autres et surtout de Sandra rendait l'aventure, le rêve d'autant plus attirants. Pourtant peu à peu, quelques vaches se levèrent, puis se mirent en rond en murmurant une sorte de complainte et soudain un beuglement formidable s'éleva. Cette fois, c'était un taureau ! Il avait entendu dire qu'il ne fallait pas courir. Il pressa le pas cependant et comme il entendait derrière lui le souffle sonore qui se rapprochait, les sabots qui battaient la prairie comme des marteaux... ! S'agrippant, inutilement armé à un tronc, il monta pour mieux voir l'ennemi. Le tronc oscillait. Il continua de grimper, encore plus haut, toujours plus haut avec fierté cette fois car l'ennemi baissait le mufle, secouait les cornes, tremblait de fureur en beuglant horriblement, mais ne parvenait qu'à faire osciller le fragile tronc. Pierre ne bougea plus. Il attendrait stoïquement les secours et il avait eu sa part d'aventure solitaire et de guerre.


- Y aura-t-il une fête dans le pays ? demanda Chloé
- Oui, chaque année, fin Juin, il y a la fête votive.
- Quelle sorte de fête ? Un cirque ?
- Non, une brocante, des manèges, des représentations, des musiciens, des bals... On annonce parfois un avaleur de feu, parfois un contorsionniste... Ce qui attire du monde.

- Un avaleur de feu ! dit Pierre. Il y a longtemps que j'ai envie d'en voir un. Je parie que son numéro est truqué. Autrement il se brûlerait la bouche et la gorge !
- Vous ne trouvez pas que ce sont des métiers étranges ?
- Qu'y aura-t-il d'autre demanda Lolita qui ne pensait pas être vraiment contente de voir un avaleur de feu.
- Il y aura des jeux sur la place, des vendeurs de produits venant de différents pays.
- Un athlète capable de se libérer en deux minutes des liens les plus solides, un charmeur de serpents, dit le volubile Baptiste.
- J'espère qu'ils ne sont pas venimeux dit Pierre, un peu craintif malgré sa joie et son enthousiasme.

- Si un serpent s'échappe dit Lola, attention à vous. Regardez bien s'il tend une langue raide et immobile, alors ne le touchez pas.
Les enfants partirent d'un éclat de rire :
- Nous partirons en courant avant de voir si la langue est immobile assura Chloé !

A la fête il y avait des jeux anciens ou plus modernes. Les quilles étaient au nombre de neuf, plantées en quinconce par un enfant à une certaine distance. Il fallait en renverser le plus possible d'un seul jet. La boule avait la grosseur d'une tête humaine, avec deux orbites dans lesquelles on enfonçait les doigts. On avait droit à un élan de trois pas.
 

Un cirque dans ce petit village ! Avec ses odeurs, ses bruits, ses couleurs ! Cela leur apporterait des promesses du vaste monde. Dans cette suite infinie de journées d'été chaudes et ensoleillée, les enfants étaient ravis d'aller assister le lendemain à l'arrivée de la caravane. A son installation :
- Le cirque !
Alban a crié de joie et le voilà qui court maintenant, emporté par la pente qui descend du moulin vers le village. Et de toutes ses forces, il crie toujours : " Le cirque ! Le cirque ! "
Pensez, ce n'est pas tous les jours qu'un cirque passe par leur village.
Alban arrive sur la route principale. Il suit les camions en battant des mains. Il peut bien crier maintenant, la fanfare est plus forte que sa voix.
Les camions s'arrêtent enfin. Ils s'installent sur un pré communal. Les véhicules des forains se placent, et c'est tout à coup sur l'herbe fraîche, une grande animation. Les hommes sautent à terre. Ils ouvrent les camions et les remaorques. A l'aide de plans inclinés, ils font descendre les animaux.
- Regardez, un éléphant !
Merveille ! Il y a aussi des chèvres, des zèbres et même un chameau. Tous faisaient des tours à couper le souffle. On ouvre les grandes portes de bois qui cachent les grilles derrière lesquelles sont enfermés des singes qui font des grimaces.

Tout excitée Laure montra l'énorme animal gris qui les dépassait d'un pas tranquille, mené par un homme. Tous se retournèrent pour admirer le pachyderme d'une beauté impressionnante. Sa présence était terriblement incongrue dans ce pré des environs du bourg où le crique avait établi son campement.
Ils passèrent ensuite devant les caravanes et le chapiteau qu'on montait et se dirigèrent vers aune autre roulotte. c'était plutôt une cage, avec des barreaux de fer à la place des parois. Derrière les barreaux, deux lions allaient et venaient.. Cette saison-là, il y eut plusieurs représentations du cirque. Les clowns firent les farces les plus réussies. Ils faisaient sortir un lapin de leur chapeau puis, quand le lapin y était de nouveau enfermé, on le retrouvait dans le sac d'une dame qui n'y comprenait absolument rien !. Les funambules très applaudis effrayaient. Les animaux, même le chameau renvoyaient le ballon avec leur museau, sans se tromper ou se montrer maladroits.
Des saltimbanques ? Pendant que les parents feraient le tour de la brocante pour dénicher de jolis objets d'occasion qui ont le mérite d'avoir du charme, ils s'amuseraient bien de leur côté.

Le chien toujours agité reparut vers les 4 heures et se laissa tomber aux pieds des enfants, la langue pendante, soufflant comme une locomotive.
Un étrange et très ancien manège tournait autour d'eux sans cesse. Il avait quantité de chevaux de chevaux en bois accrochés à des hampes. L'ensemble tournait, les chevaux montaient, descendaient, les enfants qui étaient dessus riaient et adressaient des signes à leurs parents. Il y avait une musique forte et joyeuse. C'était un beau spectacle fait pour attirer les plus petits!

Les clowns de leur côté divertissaient les enfants dans leurs beaux habits colorés. Ils faisaient même rire tout le monde. Mais pensait Batuhan, derrière le masque blanc et la grande bouche rouge ouverte sur un rire sempiternel, n'y avait-il pas autre chose ?  Des rides, de la fatigue, la trace d'une vie pas toujours si joyeuse .... Des gens aussi marchaient sur un fil, très haut au-dessus du sol. Des jeunes filles habillées en princesses faisaient le poirier sur le dos de chevaux. On voyait les funambules danser en hauteur sous le chapiteau, ils riaient des clowns et de leurs farces. Ils étaient emportés par la gracieuse princesse de cirque, en équilibre sur le dos de son cheval pailleté et empanaché. Ils voyaient le dompteur et ses lions dans le manège, fort et fier, maître des fauves parce que respecté malgré le fouet. Il passait même sa tête dans la gueule du lion. Le numéro du feu les rendait inquiets...
Un cirque, c'était aussi l'odeur de la sciure, de l'herbe, de la sueur et, comme une séance au cinéma, du popcorn.

Un magicien attira leur attention. Il réussissait sans gestes inutiles à faire passer de la menue monnaie d'un endroit à l'autre de son corps sans que les enfants émerveillés puissent deviner où.  Au début, il fit mine, à un moment d'attraper un euro dans les airs. Il se retourna vers un rideau derrière lequel il devait disparaître, puis brusquement il s'arrêta et s'appuya à la rambarde.
- Mais qu'est-ce dit-il. Il souleva le pied gauche et ôta sa chaussure sans même jeter un coup d'œil au public, mais en sachant que tout le monde l'observait, il regarda d'un air délibérément étonné dans sa chaussure et la secoua. Il y avait quelque chose qui faisait du bruit à l'intérieur. Il la retourna et laissa tomber l'euro qu'il avait aux yeux de tous glissé dans l'autre main. Les enfants surtout commencèrent à rire aux éclats.

Le manège des chevaux de bois était à l'arrêt.
Pourtant l'ambiance changea lorsqu'une personne chercha à chauffer l'assistance.
- Quel enthousiasme ! Vous pouvez faire mieux !

- Je déteste les adultes qui font ça dit un des jumeaux.

Dans la foule Christa entendit les sanglots de la sœur jumelle, dont se moquait une pimbêche, non seulement à cause de sa robe trop simple, mais aussi parce que le Tshirt par-dessus était identique à celui de so frère. La mère comme la fille avait une forte personnalité comme on dit. Aujourd'hui il faut savoir se faire remarquer pensait-elle !

- Qu'est-ce qu'elles ont ses fringues.
- Elles sont d'occasion remarqua Pedro. toujours bien habillé.
Alaure n'en croyait pas ses oreilles.
- Et alors ? vous vous moquez d'elle parce qu'elle a de vieux vêtements ? Vous êtes snobs à ce point ?

Les jumeaux semblaient ne jamais se fatiguer...


- Ce n'est pas bien de pleurer pour cela alors que tout le monde s'amuse. Ignore ce jeune homme et puis s'il te taquine, c'est parce qu'il te trouve mignonne, mais il est trop maladroit pour te le dire. L'autre jumelle ne pleurait pas mais souffrait car ses souliers neufs lui faisaient mal, mais elle était bien décidée à s'amuser quitte à les poser. Elle ne pleurerait pas dans son coin comme cette godiche !
- Viens on va danser, s'écria-t-elle insouciante des regards, des réflexions qu'elle pourrait susciter à son tour et elle s'élança entraînant sa jumelle, se mêlant gaiement aux jeunes gens et jeunes filles qui accouraient de toutes parts. Tous ces jeunes gens étaient vêtus avec recherche.



Ils allèrent faire une promenade au bord de l'eau. Ils avaient le choix entre le lac de C. mais il fallait un adulte pour les amener ou les bords de la D..Le lac avait ce bleu intense des jours exceptionnellement beaux. Des petits yachts aux voiles blanches évoquaient, à  distance, des cygnes battant  des ailes. Dans un arbre au triple tronc, un merle chantait; Au bord de l'eau ils enlevaient  souliers et chaussettes, roulaient leurs pantalons pour courir dans l'eau fraîche en poussant des cris de joie et en s'éclaboussant.
Le soir ils passeraient chez B. dont la maison n'était pas si loin à vélo !B voulait leur montrer le jardin qu'il avait souhaité entretenir. Il avait lui-même choisi l'endroit et avait une serre qu'il utilisait à son gré. Les enfants le complimentèrent avant de rebrousser chemin.

Les fraises des bois étaient en fleur. Bientôt ils pourraient aller les ramasser. Pour le moment ils se contentaient de se promener en silence pour écouter la nature. Au léger bruit de leurs pas, un chevreuil leva la tête, le cou tendu, le regard inquiet. Il cessa de brouter l'herbe drue pour se fondre derrière les vieux chênes noueux.
- Crista, regarde où tu marches, s'écria soudain Louane, il y a un serpent.
La fillette observait fascinée. Un serpent ! Lola la taquinait-elle selon son habitude ? Mais non, il y avait bien un serpent. Quelle sorte de serpent était-ce ?. Elle était prête à opérer une retraite précipitée, dans le cas où le serpent se montrerait agressif. Soudain il s'enroula autour de sa jambe. Elle était paralysée de terreur. Heureusement, ce n'était qu'une couleuvre.

La flamme du feu de St Jean montait, haute et dorée. les jeunes dansaient et sautaient pieds nus au-dessus du foyer. C'était comme un défi aux flammes. Les fières branches de genévriers crépitaient maintenant.

Quelqu'un jouait de la musique. Batuhan, saisissant la main d'Alaure, la fit courir de plus en plus vite. La muraille d'or sembla se dresser devant elle. La poigne de Batuhan qui commençait à se faire costaud enleva sa jeune sœur dans les airs et courageusement ils s'élancèrent. Elle sentit sans s'effrayer l'haleine du brasier, perçut une fugitive morsure et tous deux  retombèrent sains et saufs de l'autre côté. Les autres stimulés voulurent faire pareil.

L'angoisse des parents est toujours présente. Ils permettent... mais ils pensent sans cesse à eux.
-- Que peuvent-ils faire en ce moment. Sont-ils raisonnables ?

- Les garçons sont toujours si turbulents.
- Alaure et Louane sont des filles et elles sont parfois pires.
- C'est pourtant vrai
.
- De mon temps on jouait pendant les vacances aux mots croisés. Les plus joueurs avaient à la rigueur des flippers...Maintenant ils oublient de regarder autour d'eux. Ils sont tous plongés dans ces Ipads.
- Ce devait être exaspérant les mots croisés.
- Mais non, cela rendait calé en histoire, en géographie...
- Ce sont les vacances, on ne parle plus de travail !
- Penses-tu que c'était mieux de regarder les trajets d'une boule ou d'une bille, qui a une pente à remonter au prix d'efforts incessants !
- C'est vrai, un jeu de dingue !

 Batuhan et Alaure restaient toujours ce qu'ils avaient été tout petits. Leur problème, c'était leur père. Il leur manquait. Ils ne se souvenait que de très courtes périodes, par exemple durant la semaine de vacances à Marseille. Sinon, il n'était jamais là pour jouer au ballon avec eux. Ils n'avaient aucun souvenir comme les autres enfants d'avoir été jetés en l'air par lui. C'étaient Papoun, Mamoun et Istelle qui les emmenaient dans les bois, qui leur parlaient des champignons, des arbres et des buissons...
 Alaure sacrifiait sans regret ses jeux de petite fille pour les épées de bambou taillé, la vie dans la nature avec le chien et à observer les oiseaux, les faucons, les merles... dans leur nid et les pirateries inventées par les garçons de l'équipe. Baptiste prenait toujours sa défense bien qu'il osât lui-même la bousculer à l'occasion. Il lui apprenait même à faire des ricochets dans l'eau avec des cailloux.

Alban avait peur du noir, une peur terrible qu'il n'avait pas encore surmontée. Lorsque les enfants demandaient à leur grand-mère de leur lire un livre ou de leur raconter une histoire, elle souriait se demandant comment fonctionnait leur esprit, s'ils étaient heureux.

A mesure que les vacances avançaient les jeux devenaient de véritables pièces de théâtre et les grands distribuaient les rôle et affinaient  les détails, les dialogues, les intrigues... Leurs journées devenaient des petits drames mélancoliques tissés de potins, de contes et de fables. Une brume légère déjà s'étirait au-dessus des champs. Comme l'été était souvent sec et que les arbres mouraient de soif, leurs feuilles viraient déjà au jaune. Les bois jaunissaient avant l'automne. sous la morsure du soleil. Les fruits des baies avaient pris une couleur presque noire et allaient régaler enfants at chiens. On entendait les oiseaux, les piverts dont le bec foraient les troncs d'arbre.
En soirée, dans la chaleur du couchant, ils aimaient regarder le ciel virer  du jaune au rose à mesure que le soleil déclinait. 
Les plus petits jouaient encore à mesurer le jet de leur urine en nous tournant le dos et Alore se sentait de nouveau exclue faute d'avoir la moindre aptitude dans ce domaine.

Une fois par mois, un cinéma ambulant  dont le camion sillonnait les villages, posait son écran à la salle des fêtes. Comme autrefois sur les plages du cap d'Agde où leurs parents avaient pu vois " Bambi ". Parfois ils allaient au zoo. Ils déambulaient entre les cages et les enclos.
Le vent s'était levé et une poussière claire tourbillonnait dans l'air. Nerveux les ours étaient tapis dans une sorte de bassin vide, recouvert ça et là de mousse. Cet endroit rappelait à Mamoun son enfance. On achetait un paquet de cacahouètes ou de popcorns. On donnait à manger aux singes comme à ceux de Rocamadour. Le paon faisait entendre son étrange cri.

En hiver sortir devenait un problème. Les chênes, les noyers perdaient leurs feuilles et les écureuils faisaient des provisions pour l'hiver. Les jours d'automne étaient souvent chauds et les glands jonchaient le sol. Finies maintenant les promenades au cours desquelles on donnait des coups de pied dans les feuilles. Dans les cheminées, Papoun et Mamoun préparaient un feu qui allait crépiter. Alors, ils montaient à la salle de jeu et ils avaient le choix ! Sur un contreplaqué une boucle assez complexe d'un réseau ferroviaire permettait de faire circuler de vraies trains miniatures. La locomotive passait sous un tunnel,traversait une gare et s'envolait vers un espace fermé mais sympathique. Parfois, quand il neigeait, ils s'amusaient à se lancer des boules de neige et à modeler des bonhommes. La neige était comme un trésor entre leurs mains.  Ils riaient, criaient parce qu'elle les brûlaient un peu. Ils étaient fascinés par l'éclat de la lumière retenue captive dans cette substance poreuse et glacée. Quand elle s'évanouissait entre leurs doigts, comme un filet d'eau, ils se sentaient floués. Ils aimaient aussi suivre les traces des animaux sauvages.

Les enfants dévalaient la route en pente soit à vélo, soit lorsqu'il neigeait sur des luges improvisées.  La maison était grande mais avec tous les enfants, le désordre général virait au capharnaüm.  Ca avait été longtemps la guerre entre garçons et filles. Ils sortaient même  les jeux de société, non pour y jouer entre eux car la plupart étaient encore trop jeunes, mis pour toucher les pions, les empiler. Si bien qu'il y avait des lettres de scrabble répandues partout dans la salle de jeux, pêle-mêle avec  des maisons de Monopoly et des cartes à jouer. Les pires c'étaient les jumeaux. Mamoun et Istelle soupiraient en ramassant les jouets jusque dans le salon. Ils réussissaient à  les jeter absolument partout ! Avec des parents qui se comportaient comme des gamins, il ne devait pas être facile d'apprendre le respect des autres. Pourvu que la pluie cesse pensait Mamoun ! Et les rares fois où il neigeait petits et grands adoraient les batailles de boules de neige. Leurs petits bibendums emmitouflés  sous plusieurs épaisseurs de vêtements chauds.

Ils s'éparpillaient dans les bois. S'ébattaient dans une ambiance de mûres, de champignons et d'humidité sous les futaies. Les sauterelles au coucher du solei s'élevaient en bond gigantesques et capricieux. Elles avaient des ailes délicatement bleutées ou carminées. Parfois ils en ramassaient dans une boîte pour les geais de Mamoun ! La forêt, ça fait du bruit quand on marche dedans. Ils adoraient y construire des cabanes toujours commencées, jamais terminées... Des bruits de branches qui se cassent, des bruits de bestioles qui se sauvent, des bruits d'oiseaux. Ils adoraient entendre les cris des grillons dans les herbes. Les aiguilles des résineux pourrissent sur le sol de la forêt. En été les mûres sont gorgées de sucre et les enfants qui s'allongent dans l'herbe après bien des courses folles  font qu'un avec la nature.
De la main, les enfants essayaient d'attirer une merlette avec quelques miettes.
- Pourquoi les femelles des oiseaux sont-elles plus ternes que leurs mâles  ? dit Baptiste. les femelles, c'est marron, c'est beige, c'est souvent n'importe quoi ! Mais les mâles, c'est voyant, c'est rouge,  c'est vert, c'est doré. Ils ont des becs colorés, jaunes vifs. Par rapport à nous, c'est le monde à l'envers. Le merle s'approcha encore en sautillant. Son bec jaune et pointu  oscillait énergiquement entre les herbes, les branches mortes du plaqueminier que le vent avait récemment arrachées et les fruits de couleur fluo, tombés remplis de maturité et de sucre.
La merlette s'envola.
- La merlette dit Sabrina, elle a assez de boulot avec ses œufs.

- Si nous construisions un vrai château avec toutes ces pierres qui bordent les chemins de randonnée dit Chloé.
Ce fut 'l'enthousiasme !
- Il y a des milliers de pierres.
- Je ne pense pas que les gens du pays apprécient qu'on détruise les vieux murs. Il faudrait chercher des murs vraiment délabré et une clairière qui appartienne à tonton P.
 - Il faudrait aussi du ciment poursuivit Pierre.
- Nous en achèterons un peu ou bien Papoun nous en donnera et il nous prêtera une brouette pour le mélanger au sable. Il n'en faudra pas beaucoup, juste une petite pointe par-ci, par-là. C'est solide de bonnes pierres posées correctement l'une sur l'autre.

Petit à petit, les enfants découvrirent  que construire des murs n'était pas aussi simple qu'ils se l'étaient figuré. Avant de pouvoir entreprendre la construction proprement dite, il fallait passer par toutes sortes de préparatifs comme tracer des lignes, creuser une tranchée...

Cette foule, dans la bouche du métro, ces rames bondées, chaque jour, à la même heure, ils n'y étaient pas habitués.

Autrefois dit Mamoun, dans les trains, nous étions assis face à face et non comme dans un autobus. Il se  créait souvent une certaine intimité entre les voyageurs. Ils se parlaient. Aujourd'hui chacun écoute soit de la musique, soit communique avec des SMS, soit travaillent sur leurs ordinateurs, regardent un film... Autrefois, dans le train, on ne s'ennuyait pas. maintenant, ils sont peu nombreux, évitent les campagnes. Il faut attendre des heures la correspondance à Toulouse. Il y a des fauteuils uniques comme dans certains bus de ville. Heureusement, on ne se dispute plus pour la fumée ! Et on lit...Elle avait voulu faire découvrir le train aux plus petits.
Roxy faisait fête à sa maîtresse. Elle l'écarta de son mieux. Ce chien n'arrive pas à comprendre qu' avec l'âge je contrôle moins mon équilibre.

 

- Pourquoi n'avons-nous pas le droit de regarder certains films ?

- Le cinéma influence trop votre jeune esprit. Ils agissent sur le psychisme, saturent l'inconscient et empoisonnent votre jugement. C'est par l'effet envoûtant et nocif du cinéma qu'HItler a transformé son armée en zombies meurtriers. Les films plus que les livres façonnent l'esprit. Papoun passait des films personnels, des diaporamas et expliquait :Pour comprendre un film, il faut comprendre la fréquence de fusion des images. parce qu'aucune des images ne bouge vraiment.

- Bon sang, c'est de la prestidigitation, c'est un truc formidable !

- Non clic clac, ouvert fermé, vous voyez, vous voyez pas. c'est l'œil qui dit au cerveau que ça bouge ! La persistance rétinienne fusionne les images. Platon dans sa caverne pleine d'ombres a inventé les illusions du cinéma  mais il ne savait pas encore, il ne pouvait pas savoir que ces illusions façonnées d'une main habile deviennent un enchantement de l'esprit qui envoûtent.

L'hiver, les vacances duraient moins longtemps mais étaient belles aussi lorsque le soleil faisait son apparition. Une belle lumière inondait le paysage parfois couvert d'une fine couche de givre. Les jeux changeaient. Ils adoraient fouiller dans les placards, poser leurs mains sur les vieilles reliures des livres poussiéreux. Ils s'habillaient de vieux vêtements démodés qui les faisaient rire mais qui leur donnaient le sentiment de marcher sur les pas des anciens.
Il y avait parfois des anniversaires et ils aimaient bien recevoir leurs copains chez Papoun et Mamoun. Le gâteau d'anniversaire, leur préféré était pour tous toujours le même. Ils l'adoraient. Il était fait avec des biscuits " thé brun " et une crème au beurre avec du chocolat. Le gâteau sur la table, le reste était comme une cérémonie. La  cérémonie des bougies. L'enfant se concentrait, parfois il il postillonnait sur le gâteau. On l'aidait discrètement, on chantait, on applaudissait...

Mamoun avait aussi sorti quelques jeux de société pour les enfants, si bien qu'en fin de journée, il y avait des lettres de Scrabble répandues partout dans la maison, pêle-mêle avec des maisons de Monopoly et des cartes à jouer.  Mamoun se pencha péniblement  pour ramasser les petits pions et essayer de mettre un semblant d'ordre dans les pièces dévastées.
Ils utilisaient également les arcs et les flèches ramenés de voyage par leurs grands parents. Ils avaient le droit à condition de ne jamais tirer vers quelqu'un, pas même vers un oiseau. Ils comparaient leurs performances. Un jour, ils imaginèrent même de viser des entassements de boîtes de conserve.

La fillette observe avec attention la cour du moulin. Des pales de bois vermoulu trempent dans l'eau du ruisseau. Sur la margelle du puits de pierre trône un seau rouillé, rongé par la mousse. L'ombre d"'un grand tilleul plane sur presque toute la cour.
- Il colle la frousse ce moulin dit Pierre.
En fait non répond Lola. Cela doit être trop bien d'habiter une maison pas comme les autres.
- Je suis sûr qu'il y a une sorcière qui habite là annonce Batuhan taquin.

Parfois ils passaient une semaine à Marseille ou en Languedoc. De l'appartement du Cap, le plus petit adorait regarder les voitures en bas, de sa fenêtre. Ensuite, il mettait les siennes sur le sol et il les faisait rouler comme dans le carrefour en bas. Ils cherchaient une baie protégée, un camping ombragé près d'une plage. Il y avait toujours beaucoup d'enfants avec qui jouer près des plages. Ils pouvaient se baigner et courir librement. Le bateau était magnifique et d'un blanc immaculé. De petites giclées d'embruns venaient régulièrement les humecter et ils pouvaient sentir le goût de l'air salé. Ils mangeaient leur goûter et regardaient d'un œil méfiant les mouettes et autres oiseux de mer qui leur tournaient autour...Il leur arrivait également de faire une randonnée et d'étaler leurs serviette de bain sur le sable chaud.
- J'ai mal ça brûle dit un des jumeaux...
- Prends une douche.
- Tu n'as pas de crème ?
- Regarde dans la salle de bain.
Il retourne tout. Elle l'entend tout jeter. Il revient avec un  tube.
- C'est ça ?
J'acquiesce. Il lance le tube sur le lit.
- Tu  m'en mets ?
- Tu peux le faire toi-même.
Il pivote irrité.
- Pourquoi ?
- Parce que nous sommes un peu fatigués. Nous vous aimons, nous sommes contents de vous garder mais vous devez un peu vous prendre en charge.
Il grimpe sur le rebord de la fenêtre, presse les touches de son téléphone mobile.
- Allô papa ?
Elle s'approche un peu lasse, prends le téléphone.
- Laisse moi un peu en paix. Essaie de comprendre. Tu n'as même pas envie d'aller chez toi dans un appartement pendant les vacances alors qu'il fait si beau. Et réfléchis. Je fais la cuisine pour vous, je range vos chambres, je plis vos vêtements, je vous aide pour vos devoirs de vacances... Après il faut savoir que nous vieillissons papoun et moi et que vous devez aussi apprendre ce qu'est la vie quotidienne faite de petits tracas.Je le répète laisse-moi un peu tranquille et apprends à laisser aussi un peu ta maman tranquille.
Il reprend son téléphone, tourne autour du lit.
- Pourquoi tu ... ? Pourquoi tu... ? Sa rage s'amplifie. Je devrais m'emporter mais ce n'est pas mon fils... J'ai peur de les perdre. De perdre le petit bonheur qu'ils offrent en échange.
Les enfants avaient placé des boîtes de conserve entre les troncs. Ils se mirent à tirer à l'arc contre ces cibles. Des arcs que leurs grand-parents avaient ramenés d'un voyage. Les éclats de rire, les rivalités, les disputes jaillissaient.

L'été finissait. Comme pour rendre l'atmosphère triste, des orages tournaient dans les cieux en gros nuages  pesants de pluie et ne se décidaient pas encore à éclater au milieu de grondements assourdis et lointains. Un vent encore tiède faisait onduler les herbes et les fleurs qui ne connaissaient plus très bien les saisons et donnaient à tout le village un dernier air de fête.

Ils se reverraient tous pour Noël parfois même à l'automne. On allumait un grand feu dans la cheminée. Auraient-ils la chance de voir la neige ? Elle devenait si rare. Ils aimaient pourtant cette image de leur cabane dans les bois quand les arbres rabougris du Causse montaient la garde sur leur lieux de jeux, sombres silhouettes égarées dans une blancheur immaculée. Lorsque les vitres se couvraient de buée, ils traçaient du bout de l'index, des petites silhouettes entourées d'étoiles dans la couche de givre scintillant.

En dehors de la chaleur épouvantable de l'été, le temps était souvent triste et même violent. La maison dans les bois était exposée aux orages et aux vents rares mais furieux. Mais ils aimaient venir avec les copains pour les anniversaires. Mamoun leur faisait soit un gâteau au chocolat avec crême anglaise, soit un gâteau aux " thé bruns " trempés dans du café avec du chocolat. Il fallait aussi une bonne réserve de jus d'orange et de coca et souvent même en plus des crêpes. En général, les enfants sortaient de ces journées enchantés même s'il faisait mauvais. Dans ces cas-là, on leur faisait visiter la grotte sous la maison. On demandait à tous d'amener des bottes et pour ceux qui n'en avaient pas , il y en avait quelques-unes en réserve..

Alors, on les faisait manger plus tôt et ils regardaient " Cars " à la télé. Pour cette fois encore, Papoun at Mamoun trouvaient la solution pour pouvoir manger à leur tour tranquillement. Le soir avant le coucher il fallait à tous faire juste un petit " coucou " car les enfants suivaient comme hypnotisés la performance de Flash MC Queen sur la piste de course.
- Regardez Flash comme il est rapide ! disait Alban. Aurore serrait dans ses mains un coin de son oreiller doudou qui l'accompagnait toujours sur le canapé.

Théo, le père de Batuhan était venu exceptionnellement. Pour lui, la ferme de ses parents passait avant tout; On conseillait bien de ne pas sortir pendant quelques heures, mais rien n'y fit. Comme les craquements sinistres s'amplifiaient dominant  même le tumulte de l'ouragan, les enfants virent leur père prendre la voiture et des arbres s'abattre sur la route juste après son passage. Comment pourrait-il faire une quarantaine de kilomètres sans accident ?

Il y avait toujours eu à la maison des chats et des chiens... Les chats aimaient faire la sieste sur les coussins moelleux mais dès qu'ils se réveillaient et qu'ils le pouvaient ils chassaient les musaraignes, délogeaient les oiseaux qui s'enfuyaient dans un bruissement d'ailes, se faisaient les griffes sur les arbres...
Roxy, toujours l'œil attentif, déployait une rare discrétion et attendait simplement que ses amis décident d'un programme. Les voyant d'attaque, elle bondissait sur ses pattes, tortillait son arrière-train sans queue, les yeux remplis d'espoir, rivés sur ceux des plus grands enfants. Lorsqu'elle comprenait qu'ils partaient sans elle, les oreilles de l'animal se mettaient en berne malgré les caresses. Lorsque au contraire elle se sentait admise, elle se dirigeait vers la porte avant tout le monde, l'ouvrait à l'aide d'une patte ou de son museau si possible et gambadait de joie.  En avait-elle poursuivi seule ou avec sa mère Flika, des lapins, des chevreuils, dans les bois de chênes, de châtaigniers ou dans les prés !

Elle adorait se laisser aller au plaisir de la vitesse avec Pedro le sportif. Elle voulait toujours être première, le vent lui sifflant dans les oreilles et telle une flèche elle passait en tête, malgré les efforts de Pedro !.
Lorsque tous partaient le calme pesait sur la demeure et l'ordre dans les pièces que nul ne dérangeait plus. Mamoun rêvait aux jouets jetés sur le sol, aux vêtements épars, aux serviettes mouillées dans la salle de bain d'amis. Elle repensait à  ces petits si heureux ensemble. A ce garçon joyeux et un peu turbulent qui préférait le rose au bleu...A ce Robin à la fois plein de vie et aimant déjà l'indépendance... La chienne même, désorientée d'avoir perdu ses compagnons de jeux devenait morose.

Ils aimaient aussi aller à Marseille ou en croisière avec les grands parents.Courir sur les ponts des navires, passer la tête par dessus bord pour observer les vagues et espérant voir des dauphins mais ils se faisaient rares !
Le voyage était long, il fallait lutter contre la somnolence, occuper les enfants. Mais le plaisir à l'arrivée étaitgrand ! En ville, sur le vieux port ou le long de la Canebière il y avait de l'animation ! Tournant sans cesse il y avait quantité de chevaux de bois, accrochés à des hampes. Les chevaux montaient, descendaient. Les plus petits des enfants qui étaient dessus riaient et adressaient des signes à leurs parents. Il y avait une musique forte et joyeuse ! A ces moments-là, les loisirs changeaient. Il y avait des livres, des promenades sur les rochers, des crabes et des coquillages dans les flaques ...!

Au cours des promenades, ils percevaient le soupir des vagues, même lorsqu'ils étaient encore assez loin de la mer.

Enfin, il y avait les journées instructives de la campagne : Le cochon truffier de l'oncle qui fouissait le sol à la recherche de ce trésor.

Un jour, Papoun et Mamoun avaient emmené les 4 plus grands en voyage en Chine.
L'avion qui avait commencé à descendre impressionnait Pedro. Il avait 10 ans. Il sourit seulement lorsqu'il sentit la secousse du train d'atterrissage, sous la carlingue. Papoun et Mamoun commençaient à être âgés, pourtant ils escaladaient encore bien, faisaient des randonnées. Mais sur la muraille de Chine, précédés des gamins, ils étaient en nage et ils se sentaient vieux. Eux étaient jeunes comme des mouettes qui font leurs premiers vols. Ils se sont assis pour contempler le paysage tandis que les plus rapides continuaient leur ascension...  étaient déjà au sommet.

 

A la vue des enfants, Maya courait à leur rencontre, se précipitait avec joie, oreilles au vent, aboyant, éperdue, tremblante de plaisir, agitant la queue avec frénésie. Elle était aveugle et avait faim de tendresse. Elle leur avait déjà, à quelques mois donné son cœur, sans arrière pensée, sans crainte.

Ils l'appelaient dès leur arrivée : " Maya, Maya "
- Il n'y en a pas deux comme elle. Elle a une queue mais elle est aveugle. Il faut être gentil avec elle, la pauvre.
- Mais je suis gentil !
C'est connu les chiens raffolent des enfants. C'était d'abord eux qui les reconnaissaient après une longue absence. Il les accueillait, comme celui d'Ulysse au retour de Troie. Il leur sautait à la figure, fou de bonheur. Mais pour cette petite aveugle, c'était l'ivresse. Le jeune chiot  noir et blanc au pelage soyeux, aux yeux de velours, se mettait à jouer avec eux, arrachant de-ci, de-là, des cailloux, des touffes d'herbe, des brindilles, à courir follement comme l'éclair à travers les bois et les prés en agitant la queue. Elle permettait aux enfants d'approcher à quelques pas, puis bondissait au dernier moment, et gardait si bien ses distances qu'ils n'arrivaient pas à l'attraper. Alors, elle leur sautait dessus, se roulait et jouait avec eux. parfois, elle semblait danser à leurs pieds en essayant d'attraper une balle, posait ses pattes sur leurs genoux comme pour dire : " encore, lancez-là ! ". Puis elle courait après la balle dès qu'on la lui lançait. Tous avaient l'air de bien s'amuser. Et la chienne joyeuse semblait ne jamais vouloir se lasser. Puis soudain, elle se couchait dans une flaque de soleil. On pouvait alors lui caresser le ventre où le pelage est doux. La chienne s'étirait à l'approche des humains, elle ne voyait pas mais tout son corps, ses yeux mêmes s'éclairaient de béatitude.
Au cours des randonnées, la petite chienne s'avançait vers les trous d'eau,  faisait gicler beaucoup d'eau autour d'elle et trempait avec délices son museau dans l'onde boueuse ! Parfois il fallait intervenir pour calmer cette petite sauvageonne.

Couchée ! testaient-t-il tout en montrant le panier préparé pour elle. La mort dans l'âme la chienne s'étonnait... obéissait parfois, et allait se coucher, reposait la tête sur ses pattes et jetait un regard offusqué aux enfants.
Ce début de leur vie fut une période très heureuse dont ils profitèrent au maximum. Leur énergie débordante semblait inépuisable.

Ils étaient souvent passés à la maison, tous, depuis la période des couches, puis avec leur bouche édentée avec dedans la sympathique pagaille des dents de lait branlantes et de gencives nues d'où émergent un tiers de canine neuve ou un quart d'incisive. C'est certainement là qu'ils avaient passé des vacances insouciantes et libres.. Il est vrai que les prestiges de la mémoire confèrent souvent à nos jeunes années une importance exceptionnelle.   Ce n'était sans doute pas toujours rose. 5 garçons turbulents et autant de filles, c'était parfois beaucoup pour les nerfsdes grands-parents. Mais les lassitudes ne duraient jamais longtemps. Ils étaient tellement heureux de leurs visites et puis quand ils étaient ensemble ils s'occupaient facilement et laissaient les adultes à leurs occupations. Que la douceur du paysage qui encadre la grande maison, avive le regret des choses qui ne sont plus. Mais il ne faudrait pas compter sur eux pour espérer une immortalité indirecte. Ils sont si différents des anciens. Ils sont tous intelligents et pleins de bonnes qualités. Ils ont leurs difficultés, leurs défauts... Certains parents rêvent de les surqualifier mais seraient ils capables de rivaliser avec de véritables cerveaux ! Ne risquaient-ils pas alors de rejoindre la foule des chômeurs diplômés. D'autres sentaient qu'ils réussiraient mieux dans une profession si au contraire ils se sentaient eux-mêmes surqualifiés pour l'exercer. L'avenir seul dira qui avait raison. maintenant tous ces jeunes préfèrent les tablettes au grand air, se dorer au soleil couverts d'huiles envahir les plages aux immeubles neufs pendant que les villages s'écroulent et que dans les parcs à bestiaux se retire la vie ! Pour y aller vers les côtes, ils empruntent les longs corridors anonymes  des autoroutes qui fendent la France et vont même très souvent plus loin, en Espagne par exemple...

Plus tard chacun avait fait sa vie. Les jumeaux avaient finalement fait une belle carrière et le garçon avait eu une fin tragique vers 45 ans.
Papoun et elle étaient dans un aéroport, au milieu de la foule, pétrifiés, le téléphone à la main, la bouche ouverte en un cri silencieux. L'avion du jeune homme s'était écrasé entre Adis Abeba et le Kénia. Ils imaginaient l'expression dans le regard des parents, la douleur devait être si grande... à vous briser le coeur. Un souvenir leur revenait, les vacances à G. la recherche des champignons, les promenades...


 


Date de création : 24/02/2013 . 17:45
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