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Ma vie : mon passé 

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Ce sont les petits événements journaliers qui font une vie spectaculaire.

Chaque instant est déjà un passé....

Après avoir lu le journal de ma mère, je me rends compte à quel point les interprétations des pensées et des événements peuvent diverger en fonction de la culture, de l'égoïsme, de la maladresse... Que sais-je encore ? Un journal n'est en fait qu'une interprétation de chaque instant...
J'écris tout de même le mien, pour le plaisir d'écrire. C'est mon principal passe temps et chacun aime à parler de soi. Ce n'est pas que les événements de ma vie suscitent plus d'attention ( quoique ! ) que ceux des autres, ce n'est pas que mes souvenirs peuvent servir plus que d'autres à l'instruction, ce n'est pas parce que je cherche à plaire...Seulement j'écris pour remplir certaines longues journées, j'écris pour me faire connaître sans être dominée par quelqu'un. Je fais cadeau de moi-même comme Montaigne en essayant d'être le plus proche possible de la vérité, tout en avouant que souvent j'interprète à mon tour. Comment faire autrement ?

Toute émotion selon Proust peut être accompagnée par la vision d’une beauté exceptionnelle : un paysage, une circonstance de la vie, une personne. Le temps d’un éclair, nous voyons un chien, une maison, un arbre, sous un jour nouveau, tout ce qu’ils ont de spécial nous surprend ou réveille des souvenirs. Immédiatement après, l’habitude frotte cette image puissante. Nous caressons le chien, nous habitons la maison, nous cueillons les fruits de l’arbre. Nous ne les voyons plus avec le même regard. Le temps qui passe aussi transforme nos émotions, nos regrets, nos désirs.

J'ai toujours aimé le climat de Marseille malgré son mistral. Le mistral balaie le ciel et c'est grâce à lui que le soleil bille souvent. la neige est rare, le gel aussi. Dans la période où j'ai vécu à Marseille, il faut remonter  à l'année 1956, l'année de ma confirmation pour avoir un vrai froid. mes parents avaient dû m'acheter un paletot blanc pour me couvrir. Des fils électriques s'étaient rompus, même les oliviers des environs avaient gelé.

Le souvenir reste le regret d’un certain moment privilégié ou d’une forte contrariété. Ce que nous imprimons dans notre mémoire peut-être n’est-ce aussi que le visage que nous donnons à l’amour des choses et des gens rencontrés. Qu’importe si cette image sert de moteur à notre vie. De même les souvenirs sont modifiés à travers notre expérience d’aujourd’hui. Nous avons tendance à oublier ou à atténuer la vérité. Notre mémoire adoucit ou rend plus virulent. Le souvenir ne reste pas neutre. C’est d’ailleurs souvent l’état d’esprit présent qui guide le souvenir. Les lieux que nous avons connus, les êtres n’appartiennent pas qu’au monde de l’espace, ils sont nourris d’impressions qui formaient notre vie d’alors et d’impressions plus récentes.

Que me reste-t-il de mon passé sinon ce qui m'a fait plaisir ou qui m' a fait souffrir ? Aujourd'hui je regrette un peu que ma famille, mes grands parents n'aient pas joué un plus grand rôle dans ma vie et j'aurais aimé combler ce vide par l'amour des petits enfants. Et pourtant n'est-ce pas déjà trop tard ? Ne suis-je pas déjà trop vieille pour eux, pour la patience ???
Ma mère était très croyante et je me souviens que j'adorais consulter les images religieuses de ses livres. Mon évasion devant les angelots bouclés et blondinets, entourés d'une auréole, devant les images de la Piéta ou du Christ saignant me tenaient sans doute lieu d'univers semblable à celui d'autres enfants devant les contes de fées.

Parfois me hante cette image d'une camarade de classe allongée par terre, reposant sur la nuque et les talons, violemment arquée, la bouche écumante... Elle faisait pour la première fois une crise d'épilepsie et une nouvelle peur mêlée de piété était entrée dans mon être. La crise n'avait duré que quelques minutes et avait laissé la classe terrorisée. Le cri rauque nous poursuivait. Les parents appelés étaient venus...
Chère tante,
Nous avons fait un bon voyage. Il n'a pas duré. On est arrivé quand midi sonnait au village de Montolivet. Ici il fait plus chaud qu'à Saurat. cette nuit mes furoncles ont crevé. Il y en avait deux à côté. ce matin le médecin m'a bien nettoyée et maintenanrt je n'ai plus mal. Je vous envoie la photo de notre boulevard. On habite près du 4e poteau à droite mais la maison ne se voit pas.
Grosses bises et bonne santé
Danièle

Pendant les vacances dans l'Ariège j'avais fait quelques connaissances. Le bon souvenir de ce Jacques qui était scout et attentif qui savait me mettre en valeur parce que j'étais guide. Le souvenir agacé de ces deux jeunes rougeauds qui m'avaient invitée à danser, qui transpiraient et me serraient de trop près selon moi !
C'est au cours de mon adolescence que la silhouette des filles et des garçons s'est parfois inversée. Les gens disaient : " ceux qui ressemblent à des filles sont des garçons... ".
La messe on la disait en latin. Tout le monde connaissait les réponses mais peu de personnes connaissaient le sens de ces répliques ! Le prêtre tournait le dos à ses fidèles. Les filles n'avaient pas le droit de lire un texte en public...
Pendant presque toute mon enfance, Gaston Defferre ( 14/09/1910 - 7 Mai 1986 ), né à Marseillargues, nommé Maire de Marseille depuis 1959 et mort à la Timone à la suite d'une chute a été maire de la ville. Il avait 75 ans. Beaucoup de religions étaient représentées et beaucoup de personnalités sont venues à son enterrement : des représentants du roi du Maroc, d'Alger, notre président de la République, Mrs Pasqua, Mauroy, Fabius, Jospin, Faure, Chaban-Delmas. Les sirènes des bateaux ont sifflé 3 fois..
Lorsque j'étais toute petite, mon père avait pris l'habitude de m'emmener au cinéma, le Dimanche. C'était un plaisir pour moi qui ne le voyais pas de la semaine. Or, un Dimanche, ma grand-mère qui n'était sans doute pas au courant de ce fait, avait voulu m'offrir une séance de cinéma, avec elle. Je n'avais pas su refuser. Depuis ce jour, mon père avait refusé de m'emmener au cinéma, et, plus jamais il ne m'a ramené avec lui, sauf peut-être vers 12 ans, avec ma mère, pour voir Sissi. Vengeance ? Ou simple façon de se débarrasser de moi ?  Ma grand mère ne m'avait plus proposé non plus...Pour Sissi, je m'en souviens car nous étions arrivés en retard, la salle était comble, et, assis sur les marches du chemin latéral qui menait aux sièges, en attendant l'entracte, mon père ricanait. On voyait des papillons voltiger sur l'écran. C'était un documentaire qui suivait ou précédait de près la publicité et passait avant l'entracte et le film. A la vue des papillons mon père avait crié : " C'est ça Sissi ! " et avait fait rire, à ma grande honte,  l'assemblée.
Mon père a eu des passions qui duraient peu. Il a eu la passion de la moto, de la caravane...Il lui est arrivé de m'amener sur cette moto à travers les rues de M., pour me faire peur, il penchait l'engin dans les virages et il me semblait qu'il roulait à tombeau ouvert. Pourtant je n'avais pas vraiment peur...Puis la moto a abouti un certain temps, délaissée, dans le jardin de mon oncle, je la montais sur place, en rêvant qu'elle m'emmenait très loin dans le vent, et elle a fini par disparaître.
La caravane, j'y ai eu droit une fois. Nous étions partis dans les Pyrénées avec mon père et une amie, en Espagne sur la lancée... Ma mère s'est vu offrir un voyage en Suisse avec mon père... Et comme  la moto, la caravane a fini ses jours dans le jardin, abandonnée. Ceux qui ont acheté la maison ont dû la découper car entre temps un abri de garage qui l'empêchait définitivement de sortir avait été construit à la demande de mon père.
Ma mère m'avait appris à tricoter ( en vacances des jeunes filles s'étaient arrêtées étonnées de voir une enfant de 5 ans tricoter ) et cela m'a bien servi à un certain moment, même pour le plaisir de créer. Maintenant j'ai plus d'intérêt pour mon site et je suis un peu découragée car un tricot est long à faire, il coûte cher et je ne suis pas certaine qu'il plaise.
 
Ai-je été grondée, fouettée ? Je me souviens de certaines punitions. Quelques centimes pris pour acheter des chewingums. Je voulais découvrir ce délice interdit. Mes cousines ont " rapporté " et comme en plus j'avais menti cela a fait toute une histoire ! Même l'oncle qu'on ne voyait que rarement s'en est mêlé...
Je me souviens d'avoir laissé accumuler mes livres scolaires sur ma table de travail et un soir mon père en colère avait tout jeté par terre pour m'obliger à ranger.
Je me souviens de ma tristesse après deux fortes gronderies... Qu'avais-je fait, je ne m'en souviens plus ? J'étais allée pleurer dans le hangar à charbon, toute seule. La première fois ma mère était venue une heure après me donner un bonbon. Forte de ce souvenir, la seconde fois, beaucoup plus tard, j'étais retournée dans le hangar à charbon... Mais rien. Humiliée, il m'avait fallu revenir à la maison avec ma honte et sans bonbon !
La troisième fois, j'étais adolescente, et j'ai été frappée par mon père avec une règle,  sur les bras. Une règle dure, en bois, à la tranche carrée. Il m'avait laissé des marques ensanglantées qui m'ont longtemps fait mal. J'étais dans les guides, j'étais allée à une réunion, avec d'autres, et surtout avec mon amie de l'époque, Jacqueline. Le prêtre ne nous avait libérées que vers 9 h le soir. C'était à St Barnabé, or j'habitais dans un quartier assez éloigné de l'endroit et il fallait traverser des zones obscures et isolées. Je comprends l'inquiétude de mon père. Mais il a frappé comme un fou persuadé que j'étais avec un homme. Il ne m'a pas crue. Ma mère a vaguement essayé de dire qu'elle ne le pensait pas. Mais lui, dont le comportement était loin d'être la fidélité, avait fait un report d'attitude sur moi. Pourtant lorsque je partais la nuit seule, chercher un médecin pour ses coliques néphrétiques, il trouvait cela normal !
Ma jambe cassée dont je parle dans " monde médical " et pour laquelle il a fallu trois médecins avant de la soigner est un autre de mes souvenirs importants. Après j'ai pratiquement fait ma poussée définitive et chose extraordinaire je suis devenue bonne en sport : première de ma classe en course, saut, corde lisse... Je sautais 1 m 30 en ciseaux en 6 e, mais je n'étais pas souple, pas assez et la prof était persuadée que je le faisais exprès. Elle n'admettait pas que je sois bonne en athlétisme et pas en gym. Elle avait voulu me punir en insérant la note de gym dans le contrôle pour que je ne sois plus la première de la classe. J'étais restée première à égalité avec la seconde.

Un jour j'ai été intoxiquée par le monoxyde de carbone. J'avais mal à la tête, je sentais que j'allais m'évanouir et vomir. Mon père a eu une réaction curieuse ( pour moi, sur le moment ), mais après tout, juste. Il m'a dit lève-toi vite et va acheter le pain !
Je me suis levée en bougonnant, mais en effet, le grand air m'a peu à peu guérie !
- Tu mesures I.60 mais t'es une rase motte lol, je te voyais en 1.70, non je plaisante, j'ai dû perdre aussi de la hauteur, que veux-tu, on ne peut pas être et avoir été, mdr.
- Oui, sauf que je n'ai pas perdu de la taille, ou très peu ( peut-être un cm lors de mon accident de voiture ! ). j'ai toujours fait dans les 1 m 60.

Je suis née en 19... en Novembre, en fin d'année donc et pour cette raison, je déteste qu'on me vieillisse d'un an, comme si j'étais née en Janvier de la même année.

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Notre jardin de la Mazarade

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Notre boulevard

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Lors d'un voyage avec mon équipe de guides.

Au cours d'une sorte de bizutage, on m'avait surnommée " Baloo docile". Nous avons tous une apparence sociale qui peut changer selon les milieux. C'est vrai que j'ai tendance à être très réservée,  ( sauf à l'écrit ! ) plus réservée que timide selon moi, d'où peut-être ce surnom un peu ours... Quoique Baloo soit l'attrait du livre de la jungle et l'ami de l'enfant sauvage. Mais " docile " ? Je ne pense pas que l'adjectif me convienne, d'ailleurs je me souviens que les guides qui m'avaient réveillée et souhaitaient me faire boire un breuvage infâme ont vite déchanté. Il leur a été impossible de me faire avaler une goutte.

J'avais créé dans mon quartier, à Marseille, cette équipe de guides. J'y ai consacré tellement d'heures que c'est une des raisons qui ont fait que j'ai échoué au bac la première fois...En fait, je ne regrette rien. Mais au début j'ai eu peur, peur de ne pas réaliser mon projet de devenir prof, peur des " on dit ".

Le curé revêtu de son surplis distribuait les semonces à l'Église. Ma révolte est née du fait qu’il n’acceptait pas qu’une jeune fille lise les évangiles.

J'ai beaucoup souffert au cours de mes études parce que je n'étais pas une élève brillante, bosseuse, ou attentive, je suis devenue une très bonne élève plus tard, lorsque j'ai découvert mes préférences et les disciplines dans lesquelles je me sentais plus à l'aise, et surtout lorsque j'ai pu affirmer mon caractère; mes parents n’avaient pas une culture très diversifiée et ils manifestaient peu de volonté pour m'aider. Cependant j'étais assez ambitieuse par rapport à mes capacités, lesquelles, comme je viens de le dire, se sont d'ailleurs révélées plus tard. Un jour une personne m'a dit : " tu as eu de la chance de réussir ton bac, plus que des moyens "... Désolée, je pense que c'est l'année de mes échecs que je n'ai pas eu de chance et je reconnais que ma timidité m'empêche souvent de réagir avec de l'acuité, sur le vif de la remarque. C'est lorsque je suis seule que je trouve les arguments...

J’avais un père blasé et insociable et une mère pieuse, discrète, timide et résignée qui soupirait parfois. Mais ma plus tendre enfance, de deux ans à 10 ans, je l'ai passée chez une tante.
Mon père était un personnage plein de manies et d’originalité; tantôt attentif, mais c’était plutôt rare, tantôt indifférent et le plus souvent égoïste. Son problème de poumon qu'il trainait depuis l'armée ( il avait attrappé une pleurésie mal soignée ) ...

Télécharger blesses du poumon

Il avait aussi envers nous des attitudes choquantes qui ont certainement contribué, avec l'attentat contre la pudeur que j'ai eu à 8 ans, à me rendre un peu sauvage et parfois agressive.
- Ton père et ton oncle étaient des coureurs de jupons, t'ont-ils agressée ? Si oui, ta mère était-elle au courant ? Quel âge avais-tu ? Peut être que ce n'était que des taquineries sans conséquences, mais qui t'ont blessée, tu peux m'en dire plus si cela te soulage.
- Mon oncle cherchait plutôt ailleurs, si tu vois ce que je veux dire. Il avait même pris pour femme de ménage, sa maîtresse !!! Lorsque ma tante s'en est aperçue, elle les a mis à la porte l'un et l'autre. Ils sont partis vivre à Paris. Mais il est revenu, ma tante et lui ont eu un enfant douze ans après les autres. Il travaillait toujours à Paris, venait en visite pour Noël !!! et bien plus tard, à l'âge de la retraite, il est revenu avec ma tante surtout  pour se faire soigner. Et elle a accepté !!!
Mon père était plus discret et ma mère plus conciliante. Mais elle en souffrait. Je l'ai souvent vu pleurer. Son attitude envers moi ? Je le trouvais grossier, il avait des gestes un peu déplacés, des taquineries qui me révoltaient parfois. Surtout entre dix ans et l'adolescence.
Pour lui ce n'étaient que des taquineries... il lui arrivait de se promener nu, de me dire " tu ne risques rien, elle est au repos "...Ou de me taper sur les fesses, il appelait cela des frites et en plus il me faisait mal.
Mais sur certains points nous nous entendions. Il m'a un peu poussée à faire des études. Par orgueil ??? Il les a payées.
Quoique... à propos des études, il lui arrivait aussi de me dire : " C'est du vent ce que tu fais". Ou de prendre l'unique table qui me servait de bureau lorsqu'il s'est inscrit au cours adulte. Un jour le médecin m'a même dit : " Reprends ta place et ne l'écoute pas. "
- Je vais peut être te choquer mais ton père n'était qu'un sale porc obsédé, comment veux tu qu'une femme après ça fasse confiance à un homme, si son propre père se comportait comme un chien, il prétendait te préparer à te dégourdir ?
- Je n'ai jamais su si ma mère était au courant. Ma mère a toujours été discrète, soumise, enfermée, elle ne prenait pas de décisions et elle était finalement très attachée à son mari. C'était comme une osmose entre eux malgré les souffrances qu'il lui infligeait. Elle a pourtant du caractère, je m'en rends compte aujourd'hui, avec l'âge, elle ronchonne facilement !!! Mais aujourd'hui que mon père est mort, je retrouve chez elle des idées de lui et souvent elle dit encore " nous "!!!
- Les agressions extérieures que tu as subies après en sont quelque part les conséquences !!!, un enfant ne distingue pas le bien du mal d'autant plus que ses parents lui montrent l'exemple, ma pauvre, tu as dû en souffrir et parfois te sentir coupable alors que tu n'es qu'une victime.
- Là je ne te suis plus. C'est horrible ce que tu dis. Il n'y a aucun rapport entre l'attitude un peu vulgaire de mon père à la maison, et l'agression que j'ai subie à huit ans. Il n'y a aucune faute commise par une fillette qui se fait agresser par un malotrus !!! Je ne me suis jamais sentie coupable non plus, car je ne l'étais pas. Je n'ai gardé de ce moment qu'un certain dégoût. A huit ans je n'étais qu'une gamine innocente et je ne vois pas quelle serait ma responsabilité, si un adulte me force à le masturber dans une ruelle, en me tenant de force. Si je n'ai pas crié, c'est parce que j'étais sidérée, je ne comprenais même pas ce qui m'arrivait. Je l'ai compris au regard de mes parents, lorsque j'ai raconté. Je te rappelle que j'allais juste acheter le pain, un dimanche matin. N'empêche que j'en ai souffert longtemps, surtout par le fait d'être forcée ainsi par un inconnu et par la révolte qu'avait déjà soulevée mon père, en moi, par son attitude un peu trop délurée...

Mais mes parents m'ont aussi abandonnée, c'est mon leitmotiv et je le maintiens.
- Ta mère t'a éloignée, tu devrais en parler avec elle, avec le temps les nœuds se défont et les malentendus se dissipent.
- Non je ne pense pas. Ma mère a cédé à mon père qui ne voulait plus entendre mes pleurs, qui ne voulait pas s'encombrer et elle m'a envoyée chez cette tante, qui était aussi ma marraine... J'ai essayé d'en parler à ma mère, mais discrètement. Je n'ai pas envie de remuer tout ça. Je n'ai pas envie de faire mal à une vieille femme. Peu importe aujourd'hui, tout cela a forgé mon caractère. J'ai une certaine force intérieure que peu de personnes ont, je le reconnais. Après tout, il a été père à sa façon puisque non seulement il m'a payé mes études, mais il m'a permis quelques extras, comme porter des lentilles de contact par exemple.
Chez la tante, je n'étais pas maltraitée, mais je n'étais pas chez moi (c'est normal, ma tante préférait mes cousines lol !) et je considère le fait de m'avoir laissée chez elle si longtemps, comme un abandon. Huit ans chez ma tante. Je ne voyais mes parents que le week end.
Jamais mon père n’a désiré agir en pensant aux autres. Ses réactions sont le plus souvent dictées par son intérêt. Pourtant, il a fait un tout petit effort après le cancer de notre fils. Mais cela n’a pas duré longtemps. Il a blessé notre fils en lui disant : « tu es maigre, et tu viens bouffer chez moi !!. » Y a-t-il quelque chose de plus odieux pour un petit fils qui vient de subir une chimiothérapie, d’entendre son grand père parler ainsi… Alors qu’il venait lui rendre visite ?
Il était donc égoïste, et aigri par la vie. Sa vie avait été loin d'être rose. Orphelin de père à deux ans, il avait fui sa nouvelle famille et son beau père à l'âge de 6 ans pour se réfugier chez un oncle et une grand tante qui ont fini par le garder. Chez eux il a un peu été gâté, mais il y avait un saut de génération. Son frère, celui du même père, le plus proche par son âge n'a jamais connu leur père et a eu moins de chance dans son enfance. Il a été élevé dans un orphelinat et a gardé de ce séjour un côté un peu voyou et révolté, bien que, grâce à mon père et à des relations, il ait pu entrer dans la police.

Je me souviens du jour de la mort de cet oncle, celui qui a élevé mon père. Je devais avoir 17 ans. J'avais veillé avec mon père et je devais passer quelques jours chez la tante qui avait peur de rester seule. Un aviateur de la famille que je ne connaissais pas était venu veiller aussi et il m'avait parlé pendant presque toute la nuit, de lui, de sa vie, de ses aventures. J'ai gardé une sorte de malaise de cette veillée, de l'attitude des gens qui venaient bavarder si près du mort, et du frère de mon père qui a fait sa " crise de jalousie ". Il a volé l'argent liquide de ma tante lorsqu'il a découvert que l'héritier de la maison était mon père. Il a refusé le petit patrimoine de Saurat et a pris les millions de centimes qu'elle cachait pour sa vieillesse. Mon père était comme leur enfant, ils l'avaient élevé, c'est pour cela qu'ils en faisaient leur héritier. Le sort avait été moins généreux bien sûr, pour le frère qui sortait d'un orphelinat. Celui-ci, jaloux, et devenu vraiment voyou à l'âge adulte, après le désarroi de son enfance; il avait préparé le terrain pour son larcin chez la tante. Il croyait que parce que sa femme venait faire le ménage chez cette tante, depuis deux ans, en étant payée, cela remplacerait l'éducation donnée à son frère pendant 12 ans.
Horreur des enterrements dans certaines familles !!!

Ah ! les héritages !!! Ils révèlent les véritables pensées et les véritables sentiments de chacun !!! Ma mère et sa sœur se sont longtemps fâchées, à cause de mon père et de son fichu caractère, mais aussi pour une raison d'héritage. Ma grand-mère maternelle laissait le meilleur de son héritage à sa fille aînée qui avait moins de revenus et qui avait vécu avec elle jusqu'à sa mort. Ma mère, sa seconde fille, prétendait, aidée par l'opinion de mon père !!! que si elle avait moins de revenus, c'est parce qu'elle n'avait pas travaillé longtemps dans sa vie. Ce qui est peut-être vrai aussi. Allez démêler les sentiments, les raisonnements !!! Elles se sont réconciliées vers 80 ans ( et encore ! ) après la mort de leur conjoint.

Mon père pourtant a peut-être contribué à élever mes rêves... en me faisant partager les siens à mon égard, et surtout en aiguisant ma révolte, par son attitude. Ses ambitions en ce qui me concernait étaient de sa part uniquement de l’orgueil et non une attention particulière. Il lui arrivait de me répéter : « tu dois y arriver »; mais, c'est surtout la ténacité, la comparaison avec d'autres aussi qui ont aiguillonné ma volonté. Ma confiance aveugle dans la possibilité de construire ma destinée m'a aidée à triompher de difficultés quasiment insurmontables pour moi, dans l'enfance, et plus tard lors de mon échec au bac.
En fait,
quand j'ai souhaité venir vivre avec mes parents, cela a été justement l'âge du pensionnat ! Je suis donc revenue chez moi pour aller chez les religieuses, à mi-temps heureusement !!!
J'ai alors fait mes études chez des dames de Chevreul ( de la compagnie de Marie Notre Dame ? ) qui se prétendaient proches des Jésuites ou d'une congrégation équivalente. Elles portaient non des cornettes, comme la plupart des autres religieuses de l’époque, mais des foulards ou des bandeaux et des robes mi-longues, comme des célibataires honteuses de leur corps.

J’admire encore les réactions fraîches et naïves de l’enfance, et ceux qui les ont conservées sont extraordinaires. Mais. les vrais souvenirs d’enfance laissent parfois des marques indélébiles. Si j'ai eu du mal à pardonner à mes parents de m’avoir laissée chez ma tante de l’âge de deux ans à l’âge de 10 ans; je comprends cependant, que puisqu’ils travaillaient ils aient eu besoin de me faire garder; mais je n’ai jamais compris qu’ils n’aient pas franchi les 200 m qui nous séparaient, chaque soir, pour me reprendre à la maison. Je ne les voyais que le week end et encore, lorsque je n’étais pas malade !!! Ma tante contrôlait moins mon travail scolaire que celui de ses filles. C'est l'impression que j'ai toujours eue; et je pensais qu’elle éprouvait presque du plaisir lorsque j’avais des difficultés alors que ses filles étaient félicitées. Je n’ai commencé à bien travailler qu'après l'adolescence et bien après que j’ai supplié mes parents de me reprendre à la maison. Y a-t-il un rapport ? Je ne sais pas. Trop de choses certainement me perturbaient dans l'enfance. Et j'avais besoin de maturité pour les assimiler et me pencher sur les études.
Ce passé, cette révolte, c'est peut-être la raison pour laquelle je m'occupe tant de mes enfants et petits enfants. Pour ma famille j'ai un souvenir global d'égoïsme. Mon père bien des années après, m'a toujours reproché d'aller vivre loin avec mon mari, au lieu de m'occuper de ses vieux jours, par exemple !
Égoïsme encore lorsque j'ai été prête à accoucher de ma seconde fille, à Béziers. Ma mère a refusé de venir. Elle m'a répondu une phrase sûrement dictée par mon père : " Je ne veux pas venir te servir de bonniche !". Or j'étais enceinte, absolument seule ( puisque mon mari était resté au Maroc ), dans une ville ( Le Cap d'Agde ) désertée l'hiver, et avec une fillette de trois ans.
Égoïsme toujours lorsque plus tard, mon père a même fait un testament, pour donner ses biens à des inconnus ( des inconnus qui rôdaient autour de lui pour avoir quelque chose !!!), des inconnus au sourire enjôleur et faux, qui profitaient du fait que je vivais loin, qui allaient même à la messe pour plaire à ma mère. C'était la vengeance de mon père qui aurait souhaité que j'abandonne ma famille pour le soigner.

Un jour, au cours de mon adolescence, j'avais été chez une esthéticienne. Il n'y avait pas de moyen de transport et mon père est venu m'y chercher. On m'avait épilé les sourcils, peut-être un peu trop, sûrement d'une façon qui était loin de correspondre à mon visage. Mon père comme toujours avait été très paternel !! Et devant tout le monde il m'avait dit :
- Tu as l’air d’un chat en colère ! Douleur d'une adolescente déjà assez mal à l'aise.


Le bonheur, j'en ai sûrement eu comme tout le monde, mais il n'est pas facile à décrire : il se vit.

Mais qui pourrait oublier, malgré tout, l'odeur du pain chaud dans la maison de son enfance, la plaisir de croquer un quignon au retour des courses ?
Dans notre maison de La M, le vent, le mistral quand il y en avait, tantôt murmurait, tantôt hurlait derrière les persiennes des lourds volets.
A Marseille les plaintes du vent dans la nuit au-dessus des maisons sont caractéristiques. Le spectacle nocturne et fantastique des orages que mon père tenait à me faire admirer sur l’avenue à Marseille ou à Saurat, l’été, ( au grand désarroi de ma mère !!!) ont gravé leur impression étrange en moi.
Maintenant lorsque je vais à Marseille, je loge dans l’appartement du bas, dans la nouvelle maison de mes parents, et, il n'y a pas si longtemps encore,
j’entendais la nuit et le soir, les pas de mon père qui traînaient sans ménagement, le bruit des chaises qu’il déplaçait brutalement et qui résonnait ainsi que le balancement régulier et irritant de l’horloge. Maintenant seul le gravier du jardin crépite sous nos pas comme autrefois..

Autres souvenirs divers

A l'opéra ce soir-là, j'étais avec des étudiants et nous assistions à la représentation de Tristan et Iseult de Wagner. Cela faisait partie de notre module de littérature comparée. Un camarade nous avait distribué des bonbons et le bruit des papiers qui les enveloppaient avait fait retourner une dame, déjà d'un certain âge, qui nous lança un regard furieux. Amie des arts, elle devait apprécier plus que notre groupe d’ados, la belle musique.

Pour ma maîtrise, bien que ce ne soit pas obligatoire,  j'ai participé pendant l'été à  un stage sur Bernanos en Bretagne. C'est là que j'ai choisi le sujet de mon diplôme " le silence dans certaines œuvres de Bernanos "  J'étais partie en Simca 1000 avec des camarades de fac. L'une d'elle se prétendait capable de lire les lignes de la main. J'ai souvenir qu'elle m'avait prédit de nombreux voyages dans ma vie. cette anecdote me revient car en effet j'ai beaucoup voyagé. Pourtant, comme j'ai toujours été assez réservée, comme les gens confondent réserve avec manque d'audace ou de courage ou... elle m'avait regardé en ajoutant, j'ai dû me tromper. En fait je ne crois ni en ce qu'elle avait prédit, ni en son opinion  sur moi...après coup...!!

A la même époque, celle de mes camarades qui conduisait la SIMCA me reprochait de mal m'habiller. J'ai toujours été en effet d'un genre plutôt sportif, avec tenues qui me mettent physiquement à l'aise et sans obsession de la mode et de l'abondance de tenues.
Je me souviens d'un jeu , je
crois bien que c'était dans les " guides " où l'on avait exigé que je m'habille en rouge parce que ( et je ne l'avais pas remarqué ) paraît-il que je m'habillais toujours dans les tons bleus.
Pour revenir à cette conductrice de la Simca "  qui était beaucoup plus âgée que nous tous, et se permettait de dire qui était belle, qui avait de beaux yeux ... ou non
. Ah les blessures de la jeunesse !
Qui était cette jeune femme ? Elle avait une origine arménienne, elle vivait à Marseille et était nounou, si je me souviens bien, chez un veuf qui avait un fils à élever. Elle avait élevé ce garçon devenu alors adulte, pharmacien et qui avait décidé de l'épouser bien qu'elle ait au moins 10 ans de plus. Un amour d'attachement, d'affection, disons, car selon moi, elle n'était pas d'un physique extraordinaire, mais je ne le lui ai jamais dit. Je n'ai jamais cherché à blesser. Elle avait les moyens et le goût des vêtements sans doute ! Moi, je n'avais que ma discrétion et ma réserve et bien que je venais de faire la connaissance de celui qui allait devenir mon mari, personne n'en savait rien et je n'étais même pas certaine qu'il y une suite à notre rencontre. C'est pourtant l'été suivant que je me mariais !

Nous étions donc en Bretagne pour cette sorte de colloque et j'avais accepté de sortir avec le groupe de la SIMCA ( sorte de covoiturage de l'époque ). Cette dame m'avait dit, " alors tu te fais prêter des vêtements".
Charmant ? n'est-ce pas ? Je n'ai rien dit. J'ai accepté une jupe d'une camarade etc... Nous sommes sorties. Nous étions 5 camarades je crois. Dans la foule de la nuit, un genre de gars douteux s'est approché de moi. Le genre à faire fuir pour moi ! Cette idiote me dit : " tu vois que tu peux faire des touches ! " comme si j'attendais ce genre de gars ! comme si j'attendais après elle pour m'aider à choisir, comme si une jupe pouvait permettre le changement d'une vie.
J'ai tout supporté. Nous avons fait notre maîtrise ensemble. Mais dès Toussaint où je suis allée à Toulouse, dès Noël où je suis allée au Maroc, dès Pâques où je me suis fiancée dans le Lot... Je n'ai jamais oublié de lui envoyer de gentilles cartes postales... Je l'ai même invitée à la cérémonie de mon mariage l'été suivant à Marseille !

Les bandes dessinées... ( cela me ramène à mon adolescence et à mon enfance )... que j'ai un peu connues ( je lisais surtout des romans...), mais j'avais des notions par les copines sur Spirou, Tintin; j'ai tout de même adoré : " Robin des bois ", et " Lisette "... J'attendais chaque semaine avec impatience la nouvelle série.

lisettebd.jpg lisettepetit.jpg


En général, je coupe moi-même mes cheveux. Pourtant parfois je suis allée chez un coiffeur... Je m’étais installée devant un bac de shampooing, la tête hérissée de bigoudis... Je n'avais jamais été satisfaite par mes séances chez le coiffeur, sauf de rares fois, entre autre par l’essai, quelques jours avant mon mariage. Par contre ma première séance chez une esthéticienne avait été magique et j’étais restée fidèle à ses conseils.

         La nuit s’avançait. J’aperçus les premières étoiles dans le ciel. Cette sensation fut un moment délicieux comme si je renaissais à la vie.

Ai-je aimé avant de connaître mon mari ? Mon cœur a battu pour d'autres, cela c'est certain. Mais je ne regrette pas à ... ans mon choix de vie. Finalement qu'est-ce que l'amour si ce n'est une attente remplie d'imagination, de vide à combler ??? Je n'ai pas éprouvé souvent d'émotion...Les deux premiers remontent à mon adolescence et je ne les ai pas oubliés, mais ils n'ont jamais su que je les aimais. Le troisième est mon mari. Je l'ai aimé d'abord comme un héros... Maintenant je l'aime en connaissant ses défauts, de façon plus rationnelle, plus complice... Il a aussi beaucoup de qualités. Depuis un ou deux hommes ont attiré mes confidences, je leur ai donné mon amitié sans aller au-delà. Ils ont attiré mon affection parce qu'ils savaient aussi écouter ou donnaient l'impression d'écouter ???

Lettre de mon professeur de français en première. Elle était partie avec son mari au Maroc.
Chère D.
Le pays est magnifique, la vie est supportable, les élèves insupportables, mais nous sommes en vacances !!!
Comment vont tes études de philosophie ? Raconte-moi tout ça, la classe, toi.
Je te souhaite beaucoup de bonheur. Sois heureuse, je t'embrasse
C. Bernard

Quand je revois la maison de mon enfance, elle me paraît à la fois familière et inconnue.

Pour connaître la suite, cliquez sur le lien suivant :

Ma vie - Mon passé ( suite )


Date de création : 29/12/2007 . 20:58
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Réactions à cet article

Réaction n°1 

par mireille le 21/01/2013 . 20:25

kBonne année et bonne santé.

On a tous eu des regrets et des plaisirs dans notre enfance et plus tard aussi...!

Mais c'est ça qui nous construit au fur et à mesure de notre vie.

Je lirai le reste demain.

Bonne soirée.

Mireillee

 

Merci pour ce message, bonne année aussi


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